Bilan…(3)

 

Nos sages se sont intéressés à ma brève allusion à « l’incident de Carcassonne » dans la précédente partie de ce Bilan… qui pouvait laisser entendre que j’aurais des informations ou des idées particulières sur ce tragique « incident ». Ce n’est pas le cas. Je n’ai pas étudié cette affaire. Mais j’ai eu l’attention attirée par certains détails médiatiques d’une affaire qui a gravement mis en cause l’Armée française, et qui a eu des conséquences morales particulièrement graves. Un sous-officier d’un corps « d’élite », très bien formé et bien noté, a ouvert le feu à balles réelles sur le public, au cours d’une représentation « publicitaire » destinée à vendre l’efficacité et le professionnalisme de l’Armée dans la lutte contre le « terrorisme ».

Des sanctions importantes ont été prises à différents niveaux de la hiérarchie et le chef d’état-major de l’Armée de terre, le ñass-ba (Brution) Bruno Cuche, a donné, ou dû donner, sa démission. On a parlé de modifier et de rendre plus sévère encore le contrôle des munitions. Or tous les militaires savent que le contrôle des munitions est déjà extrêmement pointilleux et qu’il est rigoureusement impossible de le rendre parfaitement efficace, sauf à alourdir jusqu’à entraver le fonctionnement opérationnel, et à transformer tous les militaires en suspects permanents. On utilise des balles dans le fonctionnement normal de l’entraînement… Grande découverte ! Que ce militaire ait disposé de munitions hors contrôle, c'est illégal, certes, mais fréquent et inévitable.

Les balles à blanc sont parfaitement différenciées. La couleur de la balle et de la cartouche est différente. La couleur de l’emballage est différente. Qu’un sergent d’un commando d’élite dispose d’un chargeur surnuméraire, dans son casier, dans son paquetage, ou quelque autre endroit, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Qu’il l’apporte avec lui lors d’une « représentation théâtrale », c’est déjà absolument incompréhensible. Qu’il le place dans la même poche que les chargeurs à blanc qu’il devra utiliser, c’est démentiel. Et s’il l’avait placé dans une autre poche, bien fermée, de son treillis, il n’aurait pas pu se tromper, autrement qu’intentionnellement.

Mais il y a bien pire. Pour tirer des balles à blanc, le FAMAS doit être équipé d’un dispositif particulier à la sortie du canon, pour produire une pression suffisante des gaz dans le canon, à l’aide desquels sera actionné le mouvement de la culasse pour le réarmement automatique dans le tir en rafale.

L’absence non intentionnelle de ce dispositif lors de l’entrée en « représentation » est inconcevable. Quant à l’hypothèse que le sergent aurait lui-même complété le chargeur avec des balles à blanc sans s’apercevoir que les balles qu’il contenait déjà étaient réelles, elle se heurte aussi à des difficultés. Comment un chargeur contenant un reste de balles réelles se trouvait-il en sa possession à son insu ? Comment les premières balles éjectées, celles qu’il aurait lui-même introduites dans le chargeur, ont-elles pu enclencher la rafale, en l’absence du dispositif nécessaire au bout du canon ?

Je m’arrête là. Beaucoup d’autres choses sont inconcevables pour mon petit cerveau dans cette étrange affaire. Personnellement je n’ai jamais tiré au FAMAS, qui n’était pas en dotation quand j’ai eu l’occasion de tirer, soit au Prytanée militaire, soit au 22ème RIMA à Versailles. Et je n’ai pas fait d’enquête approfondie. Mais je n’ai jamais recueilli, par les divers canaux par lesquels arrivent les informations, le moindre élément qui mettrait en cause autre chose qu’une accumulation de fautes graves et personnelles du sergent, sauf à faire intervenir un acte de malveillance d’un tiers.

Or, ce sergent, en dehors des indignations passagères des braillards habituels, a globalement bénéficié d’une étonnante « compréhension » de la part des autorités, civiles et militaires ! Je ne sais pas s’il a même été incarcéré, en dehors de l’inévitable garde-à-vue. Même le simple contrôle judiciaire auquel il a été soumis à été levé fort rapidement : moins d’un mois après « l’incident ».

C’est la thèse du sergent qui a été admise immédiatement aussi bien par l’Armée (« L’Armée privilégie la thèse de l’accident ») que par le magistrat civil (Il est inculpé pour « blessures involontaires ») avant toute enquête sérieuse.

Mais c’est un autre point qui avait retenu mon attention. Quel est le nom de ce sergent ? Silence total des médiats ! Au point que je me suis laissé aller à penser qu’il devait porter un nom dont la révélation serait susceptible de susciter de la xénophobie et du racisme, s’il portait un nom dénotant une origine maghrébine, ou, pire encore, un nom pouvant suggérer une origine juive, au risque d’alimenter l’antisémitisme, ce qui est l’abomination de la désolation. J’avais donc fait quelques recherches sur Internet, sans parvenir à découvrir le nom de ce sergent ! Même quelques phrases de sa grand-mère étaient passées sur France-Inter sans que soient révélés nom et localisation ! Le tireur de Carcassonne bénéficiait d’une protection de son intimité et du respect de sa vie privée tout à fait exceptionnels !

Et personne ne s’avisait de transgresser, ce qui commençait à ressembler à un tabou !

Eh bien, le tabou est levé ! Pendant une partie du mois de juillet et le mois d’août, ma ligne téléphonique a été coupée, et donc mon accès à Internet impossible. Je n’ai donc pas pu satisfaire ma curiosité à cet égard. Mais en écrivant le présent texte j’ai pris la peine de vérifier certains détails, et c’est ainsi que j’ai découvert dans un article du Monde daté du 24 juillet et signé Claude Bordenave : « Mardi 22 juillet, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier a annulé le contrôle judiciaire qui frappait ce soldat du 3e régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa) ». Et dans le même article j’ai découvert que ce sergent s’appellerait Nicolas Vizioz.

Où ? quand ? Comment ? cet anonymat insolite a-t-il été rompu dans le courant du mois de juillet ? Je n’en sais rien. Il semblerait que la « transgression » initiale ait été commise sur un blog suisse. Après cela l’embargo tacite ne pouvait plus tenir.

Comment et pourquoi cet anonymat a-t-il tenu plusieurs semaines, et reste-t-il respecté par les médiats grand public jusqu’à ce jour ? Je n’en sais absolument rien.

Mais cet anonymat, sa durée, sont insolites. Et aussi le fait que « l’incident de Carcassonne » soit presque complètement passé à la trappe, oublié, classé, sur la base d’un récit qui ne tient pas encore debout, et sans qu’ait été envisagée l’hypothèse d’une manipulation de grande envergure dans laquelle le sergent « Nicolas Vizioz » pourrait bien avoir été un instrument. Il n’y a pas d’effet sans causes. Quelles peuvent bien avoir été les causes, y compris les causes de l’abstention de la curiosité, ou du silence des journalistes, alors que de multiples voies pour satisfaire cette curiosité existaient.

Réfléchissez ! Il y a là quelque chose de bizarre. Tout ce qui est réel est rationnel. C’est lorsque survient quelque chose de bizarre, d’apparemment irrationnel, qu’il y a quelque chose à l’œuvre que nous ne comprenons pas, dont l’élucidation nous révélera quelque chose du monde que nous ne connaissions pas encore. Ce qui ne veut pas dire que ce sera nécessairement intéressant.

En tout cas, il est manifeste que beaucoup d’arrêts-de-la-pensée se sont produits à différents niveaux dans cette affaire, et que l’histoire qu’on nous raconte est édulcorée. Tout le monde (Armée, Justice, Médiats, Public) a admis l’absence d’intentionnalité, soit du sergent, soit d’un tiers, avant d’avoir osé envisager l’autre hypothèse et sans avoir osé placer le sergent devant les incohérences de ses explications. La reconnaissance par lui-même de sa totale responsabilité aboutit à couper le fil des interrogations et des investigations… Il n’y a qu’un concours malheureux de circonstances invraisemblables et une défaillance coupable dans le contrôle des munitions. Tel est le point de départ obligé de toute enquête sur l’incident de Carcassonne.

Mais je n’ai aucune intention de poursuivre cette enquête. C’est à l’Armée de la poursuivre, si elle veut rester française[1]. Ou, à l’intérieur de l’armée, aux militaires qui veulent rester français !

Il est aussi possible que cette enquête ne conduise à rien et que le sergent Vizioz soit bien l’alpha et l’oméga de « l’incident ». La « théorie du complot » est aussi conne que la « théorie de l’absence de complot ».

 

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Nos sages se sont aussi penchés sur l’analyse, proposée par moi (P.G.) de la première rupture survenue (1993) entre Faurisson et la Vieille Taupe. Mais ils ont souhaité connaître mon analyse des divergences d’orientation plus récentes qui se sont manifestées, afin qu’il soit bien clair qu’il ne s’agit pas de « déballages » dans un conflit des « ego », mais de divergences d’orientations, qui ne dégénèrent en conflit que parce qu’elles ne sont pas assumées et tranchées comme divergences d’orientation.

Dans le passé immédiat, trois affaires ont revêtu une grande importance pour le révisionnisme historique. La conférence de Téhéran, le procès Robert contre Robert, l’affaire de Téramo.

La conférence de Téhéran. (Bulletin n° 21 p. 1). La VT a la prétention vérifiable que ce soient trois textes publiés par la VT qui aient créé les conditions qui ont finalement permis la Conférence de Téhéran. 1°/ La page 135 du n°1 de la revue La Vieille Taupe, diffusée par les MNPP au printemps 1995. Cette page, traduction de la préface arabe de L’Holocauste au scaner (sic) de Jurgen Graf, signée Jurgen Graf mais en fait écrite par moi, m’a valu un procès et une lourde condamnation. La revue est alors devenue confidentielle sur abonnement. 2°/ Le n° 2 de la revue, entièrement consacré à la publication confidentielle du texte de Roger Garaudy : Les Mythes fondateurs de la politique israélienne (décembre 95) ce qui a créé les conditions de la publication dite Samiszdat (sic) puis la mondialisation de la diffusion de ce livre (1996). 3°/ Le texte Sionisme, révisionnisme et démocratie, Samizdat (s.d.) diffusé courrant 1995 par la Vieille Taupe. Ce troisième texte notamment avait été remarqué par des responsables de l’ambassade d’Iran, à Paris dès sa publication.

La VT n’a pas été invitée à participer à la conférence de Téhéran. Ce qui ne signifie pas qu’elle n’était pas présente par l’intermédiaire d’agents doubles ou triples. Mais la VT ne pouvait pas être présente en personne pour les raisons sommairement mais clairement explicitées (Bulletin n° 18 p. 4). Pourtant, j’ai reçu peu de temps avant la conférence une offre insolite (qui ne venait pas de l’Iran) de financer mon voyage à Téhéran. L’origine de cette offre généreuse n’a pas été tirée au clair, faute de temps. Mais elle montre que des forces occultes pouvaient avoir des raisons de souhaiter la présence à Téhéran de la VT… Pour quels motifs ? Rien n’est certain ni établi. En conclusion, tout en manifestant beaucoup de reconnaissance et de respect pour le Président Ahmadinejad, en saluant la tenue de cette réunion, ce « coup de tonnerre », la VT n’entretient de relations qu’avec des mouvements radicalement anti-impérialistes et prolétariens, qui pratiquent le « défaitisme révolutionnaire » dans leur propre camp, sans la moindre complaisance pour le camp adverse, puisque ses seuls alliés sont ceux qui font la même chose dans le camp adverse. Car la VT n’oublie pas que très généralement les « victimes » ne sont que des candidats « vainqueurs » qui ont raté leur coup.

L’Iran est perçu, par beaucoup d’Arabes, comme une menace impérialiste régionale. Et l’Iran s’est parfois allié, dans des coups tordus, avec Israël ! Réciproquement la menace iranienne et la menace révolutionnaire conduit bien des régimes arabes à se rapprocher d’Israël et des États-Unis, beaucoup plus qu’il n’y paraît. Sans vouloir entrer dans le détail des conflits et des tensions, il faut aussi noter que l’Islam, quelles que soient les caricatures et l’incompréhension dont l’Islam est la victime, n’en reste pas moins « impérialiste », presque par essence ! et cela nonobstant le refoulement et la domination qu’il a subis. Cette tendance ne doit pas être négligée. D’autant moins que la tradition pacifiste est étrangère à l’Islam, et à plus forte raison le « défaitisme  révolutionnaire », c’est-à-dire le défaitisme positif, le défaitisme comme moment d’une victoire d’une autre nature. Comme la crucifixion, c’est-à-dire la défaite totale, est le moment d’une victoire d’une autre nature. Mais existent-ils ces chrétiens qui connaissent et comprennent leur religion ? Pour l’ensemble de ces raisons la Vieille Taupe ne saurait en aucune manière apparaître comme plus liée à un camp qu’à un autre. Elle n’est liée qu’à la vérité.

 

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Le procès Robert contre Robert. (Bulletin n° 20, 21 & tiré à part « Un coup d’état judiciaire », 22) Cette affaire a mobilisé la VT pendant toute l’année 2007, pendant laquelle de multiples Sonderaktion physiques et électroniques ont diffusé la bonne parole, y compris en milieu hostile, et d’une manière qui n’accroisse pas nécessairement l’hostilité, ce qui semble bien être une spécificité des actions de la VT. Cette activité pourrait bien avoir eu des effets invisibles qui, pour une fois, pourraient avoir des conséquences visibles avant la Saint Glinglin. Dans cette affaire, la VT a agi de façon tout à fait autonome (n°18) et d’une façon dont Faurisson et le révisionnisme ne peuvent que se féliciter, mais sans recevoir de Faurisson et de beaucoup de révisionnistes le minimum d’appui qu’elle avait espéré. La VT a réagi, selon sa nature, à la situation créée par Badinter et Faurisson.

Le 11 novembre 2006, sur Arte, au cours de l’émission « Forum des Européens » sur le thème de « la liberté d’expression en danger » Robert Badinter avait déclaré, prenant ses désirs pour la réalité, « J’ai fait condamner Faurisson pour être un faussaire de l’Histoire ». C’était évidemment faux. Mais fallait-il pour autant assigner le pauvre Robert devant la 17° chambre, parce que, bouleversé dans sa deuxième âme (Nefesh) par cette terrible Affaire qui ne cesse de le travailler[2], il venait de faire un aveu considérable ! Et même deux aveux. Mais avant de traiter le cas de Robert Badinter, revenons à l’autre, Robert Faurisson.

Son sang ne fit qu’un tour. C’était une diffamation épouvantable. Lui, Faurisson, condamné pour falsification ! Alors qu’il ne s’était justement pas pourvu en cassation contre cet arrêt qui le condamnait, justement parce qu’il ne le condamnait pas pour falsification, ni de l’Histoire, ni de l’histoire, ni de quoi que ce soit, mais pour le motif vague d’avoir fait de la peine à d’honorables associations mémorielles. Aucune falsification n’avait pu être retenue par le tribunal parmi toutes celles qui étaient alléguées par ses accusateurs, LIC(R)A en tête.

En résulta le plus formidable arrêt de la pensée qui se puisse concevoir. Et à son service, une entreprise médiatique de falsification de l’arrêt du 26 avril 1983, dont la déclaration de Robert Badinter sur Arte n’était que l’une des manifestations tardives.

Fallait-il pour autant assigner Badinter ? Pour Faurisson : « Évidemment puisque c’est que ça se passe ! » Pour la Vieille Taupe : « Évidemment pas puisque ce n’est pas que ça se passe ! »

La déclaration de Badinter, pour fausse et blessante qu’elle soit, ne changeait pratiquement rien à rien de la situation dans laquelle se trouve le révisionnisme (victoire intellectuelle et défaite matérielle). Ce n’était qu’une goutte d’eau supplémentaire dans un océan de calomnies et de diffamations médiatiques. Elle ne pouvait que convaincre les convaincus, ignorants du dossier. Elle serait sans effet sur les autres. Une assignation ne serait instructive que pour la cinquantaine de personnes qui assisteraient aux audiences, et encore, puisque le déroulement des débats serait « sous contrôle ». Et précisément parce que l’enjeu serait énorme (risque de redémarrage de la pensée) pour les censeurs, le résultat ne pouvait être que ce qu’il a été : la condamnation onéreuse de Faurisson. Ce qui ne peut que conforter l’opinion de ses détracteurs et décourager un peu plus ses amis, dont certains en concluront que décidément le barrage est infranchissable. Au surplus le public n’aura connaissance de la phase judiciaire qu’à travers le filtre médiatique… Autant dire que l’investissement dans l’opération n’était guère raisonnable, à notre avis. Il aurait de toutes façons été hors de portée de la VT, pour de simples raisons financières.

 Fallait-il ne rien faire ? Bien sûr que non. Mais plutôt qu’une assignation, qui ne pouvait que décupler les angoisses des censeurs et rameuter les réflexes et les solidarités adverses, une simple circulaire intelligemment ciblée, qui aurait analysé, et peut-être révélé à lui-même, ce que révélait la déclaration de Robert Badinter, aurait eu autant d’effets, sans la fatigue, le stress, et le coût final d’un procès.

Internet ayant été créé, et son usage généralisé, pour le service de la Vieille Taupe et le sauvetage du révisionnisme, on aurait pu, à peu de frais maintenant, renouveler en grand la Sonderaktion de 1995 qui avait permis à la Vieille Taupe, encore une fois seule, de faire connaître, à grands efforts car sans Internet à l’époque, le texte A-t-on lu Pressac ? Ou Pressac, mode d’emploi.

L’assignation ayant été lancée par Faurisson – c’est son droit le plus strict – la VT a fait ce qu’elle a pu. Mais pourquoi les intervenants volontaires au grand procès de 1979-83 n’ont-ils pas été sollicités d’intervenir comme témoins ? Et notamment Serge Thion, comme il l’avait proposé ? Et même, pourquoi n’avoir pas sollicité le témoignage des juges du jugement du 8 juillet 1981 et de l’arrêt du 26 avril 1983, pour ceux d’entre eux qui sont encore vivants (chaï – 18) ? La démarche ne serait pas passée inaperçue et aurait donné à la cause un caractère légèrement différent de l’éternel combat de Faurisson seul contre tous. Ces juges, qui avaient trempé trois fois leur plume dans l’encrier, avaient probablement des choses à dire.

Et même, pourquoi n’avoir pas profité de l’occasion pour annoncer que les révisionnistes avaient cessé de proclamer leur intime conviction que les chambres à gaz n’avaient pas existé ! Qu’ils réclamaient dorénavant que soit admis pour tous le droit de croire ou de ne pas croire, en fonction de leur degré de connaissance, de réflexion et d’information personnelles ; qu’ils réclamaient seulement qu’aucune opinion ne soit a priori diabolisée, exclue, interdite, censurée ; qu’ils réclamaient seulement, pour tous, le droit d’exposer librement les raisons de leurs doutes, ou de leurs certitudes, à ceux qui souhaiteraient les connaître.

Mais manifestement, sur ce point-là, les temps n’étaient pas encore venus.

Le procès et les débats n’en furent pas moins très instructifs. Mais ce qui intéresse le plus profondément la Vieille Taupe, c’est qu’ils ont montré dans le camp des censeurs, en dépit d’une glaciation spectaculaire et de l’arrêt de la pensée, que l’Esprit continuait à travailler souterrainement, au point de commencer à faire comprendre à certains l’impasse de la censure. Impasse si bien analysée par un Rhénan, dès 1842[3], et par conséquent l’impasse de leur position de censeur.

A un moment donné, Maître Jouanneau, confirmé par la mimique de son client, a cru bon de rappeler que Robert Badinter n’avait pas été favorable à la loi Gayssot. Il avait même regretté que cette loi ne fût pas soumise au Conseil constitutionnel !

Bien sûr, nous étions devant un tribunal, où il s’agit de gagner et d’enfoncer l’adversaire. Il s’agissait donc par ce rappel de répondre ou d’atténuer un argument des révisionnistes en montrant qu’il ne s’appliquait pas à son client, Robert Badinter, qui savait, lui, faire preuve d’une certaine hauteur de vue. Peut-être même ne s’agissait-il que de parer, par un sophisme purement rhétorique, l’argument terrifiant : « Quand on peut réfuter, on n’a pas besoin d’interdire ! » en prétendant que Robert Badinter ne faisait pas lui-même partie de ceux qui se réfugient derrière la censure. Il n’en aurait pas besoin (puisqu’il invoque soit la vérité et son évidence, soit « l’antisémitisme » pour faire condamner les propos révisionnistes qui lui déplaisent). C’est l’aporie dans laquelle se débattent les censeurs. C’est l’aporie qui est à l’origine du lapsus, révélateur de son désir, à l’origine donc de toute l’affaire dans l’Affaire. Le juge Bonnal l’a analysé avec perspicacité dans le jugement du 21 mai 2007 :

C’est cependant pour relativiser le caractère indispensable de ce texte [la loi Gayssot] qu’il observait, ce qui constitue le propos poursuivi, que bien avant l’adoption de celui-ci :« Le dernier procès que j’aurai plaidé dans ma vie avant de devenir ministre, c’est l’Affaire, c’est le procès contre Faurisson. J’ai fait condamner Faurisson pour être un faussaire de l’histoire. »

On pénètre ainsi peu à peu dans le laboratoire où les idées s’élaborent et se bloquent[4]

Le fait est là. Maître Jouanneau et Maître Badinter savent que la loi Gayssot est anticonstitutionnelle, pour les raisons magistralement exposées par Maître Delcroix dans les procès précédents. Mais s’ils ont compris cela, ils sont en possession de la prémisse du syllogisme qui permettrait le redémarrage de la pensée

Autre point : Robert Badinter, à l’audience du 12 mars 2007 s’était donc expliqué sur les conditions dans lesquelles il avait prononcé la phrase que Robert Faurisson lui reprochait (Bulletin n° 21 p. 4 & 5). L’émission d’Arte portait, dit-il, sur un autre sujet et il avait été interrogé « à la fin, presque à l’improviste, sur les lois mémorielles ». Suivent ses explications qui reconnaissent implicitement que sa déclaration pourrait bien n’avoir pas été conforme à l’exacte vérité. En substance : au cours de sa plaidoirie du 22 juin 1981 il avait surabondamment traité Faurisson de « Faussaire de l’histoire ». Deux jours plus tard il était devenu ministre. « J’ai certainement été avisé du résultat […]. Je ne suis pas sûr d’avoir lu le jugement […]. Pour un article j’aurais vérifié. Sur un plateau de télévision, vous répondez en fonction de vos souvenirs ».

Effectivement, l’enregistrement montre que le journaliste lui pose cette question sur les « lois mémorielles », qui le prend à contre-pied tout à la fin de l’interview, alors qu’il avait jusque-là roulé sur du billard…Mais n’est-ce pas dans des conditions bien plus perfides encore qu’avait été piégé Jean-Marie Le Pen au terme d’une interview véritablement sur un tout autre sujet, par une question sur les chambres à gaz ? N’est-ce pas sous la pression de questions inattendues dans une ambiance diabolisante que Faurisson avait rendu publique sa phrase de soixante mots qui allait lui valoir condamnation ? Sa propre mésaventure devrait ouvrir à Badinter la voie d’une certaine compréhension pour les mésaventures subies par d’autres, et devrait l’initier à une certaine solidarité, à titre humain.

De quel droit et à quel titre Robert Badinter devrait-il être à l’abri du sort commun ? La réponse à cette question goy pourrait être le début de sa sagesse.

L’idée même que, devenu ministre, il n’ait pas même lu le jugement est peut-être habile, mais parfaitement saugrenue. Sa nouvelle fonction le conduisait au contraire à suivre attentivement l’évolution de cette affaire.

Le temps est venu de relever une particularité passée inaperçue de ce jugement lui-même. Le nom de Robert Badinter n’y figure pas ! Certes y figure le nom du cabinet d’avocats postulant. En la circonstance la S.C.P. Lévy et Korman, avocats, comme cela est obligatoire. Le jugement est régulier. Mais généralement le rédacteur prend soin de mentionner le nom des avocats plaidants dans une cause importante. Surtout quand ils sont célèbres et leur plaidoirie significative. À plus forte raison quand l’avocat est devenu Garde des sceaux, ministre de la justice. L’absence du nom de Robert Badinter est insolite. Si insolite qu’on peut même se demander si le ministre de la justice ne s’était pas enquis discrètement auprès du rédacteur du jugement, Pierre Drai, de la teneur de la décision, qui était annoncée et prête pour le 1er juillet… et si la lecture n’a pas été finalement repoussée à l’audience du 8 juillet, pour faire disparaître le nom de Robert Badinter, sur sa demande, d’un jugement qui ne lui donnait pas satisfaction. Pure conjecture ? Voire.

Mais sur quoi portait l’émission d’Arte, « Le forum des Européens » ? Le thème annoncé en était « La liberté d’expression en danger », thème sur lequel semble-t-il Robert Badinter avait beaucoup à dire, en ce qui concerne les Chinois, les Persans, les Musulmans…, parce que les paroles qui lui plaisent ne sont pas accueillies partout dans le monde aussi bien qu’il le désirerait.

Mais il n’avait pas l’intention d’aborder le problème de la liberté d’expression des « négationnistes » ! Il ne s’attendait même pas à une question sur le sujet ! Il juge intempestive la question du journaliste !

Cela, à soi seul, donne une idée du clivage de son cerveau et du solipsisme judaïque dans lequel il fonctionne. Cela donne aussi une idée du confort et de l’habitude du confort qu’assure une domination sans partage. Qui d’autre pourrait se permettre de néantiser ainsi dans sa conscience l’adversité, l’altérité, l’Autre !

L’assignation par Faurisson provoqua un réveil brutal, et peut-être salutaire.

Aux audiences, auxquelles il assista, alors qu’il aurait pu se faire représenter, Robert Badinter fit un réel effort pour organiser ses idées. Il a dû prendre conscience de l’existence de Faurisson (et de la VT) comme d’un fait indiscutable, et d’un problème réel, indéniable. Indéniable, même à l’aide de l’invocation rituelle à « l’antisémitisme », ce qui est l’instrument juif éprouvé de dénégation de la réalité de l’Autre.

Mais ce procès a été en outre le théâtre d’un événement peu banal. A l’audience du 2 avril (n° 21 p. 13, n. 13) j’avais signalé l’intervention inattendue de Joël Bouard. Cet inconnu des révisionnistes voulait donc déposer au tribunal une intervention volontaire en faveur de Faurisson ! Il le fit dans des conditions assez spectaculaires, en injuriant copieusement le tribunal !

Renseignements pris auprès de Maître Delcroix, cette affaire n’avait aucune chance juridique de prospérer et Joël Bouard était un fou. Quant à Faurisson, il suffisait d’évoquer cet « individu » pour passer pour fou soi-même. Quant à moi, je dois dire, je n’ai guère douté d’abord qu’il ne soit un provocateur, engagé dans une stratégie complexe. Je l’ai donc soumis au traitement spécial de la Vieille Taupe : Confiance totale associée à une méfiance totale. Et j’ai pris contact avec lui.

Il m’affirmait, au contraire de Maître Delcroix, que son intervention volontaire prospérait ! Et même qu’il y avait une chance de faire « exploser la procédure » et de contraindre à une réouverture des débats ! Cela aurait été évidemment sensationnel pour les révisionnistes, car même si le public est médiatiquement conditionné et abreuvé de mensonges, une partie du public pense aussi confusément que ces révisionnistes, perpétuellement anéantis depuis trente ans, ressemblent beaucoup au canard du sketch de Robert Lamoureux : Le canard est toujours vivant ! Un cafouillage dans la punition de l’hérétique aurait des conséquences psychologiques intéressantes. Et une réouverture des débats, maintenant qu’on avait connaissance de tout le venin que les censeurs avaient à cracher, aurait été désastreuse pour eux. Après les diffusions massives, électroniques et physiques, de la Vieille Taupe, et celles à prévoir, l’audience et la confrontation auraient été passionnantes. Et cette fois les « témoignages » des quelques cornichons qui osent encore se présenter pourraient être passés au crible Je parie même que plusieurs de leurs témoins ne seraient pas revenus ! Le cas d’Henry Rousso aurait été particulièrement instructif, parce qu’il semble être le seul à avoir un cerveau encore en état de fonctionner, mais il n’avait pas pris la peine de lire une ligne des « négationnistes » dans le texte ! Cet expert ne connaît rien de son sujet en dehors des citations qui en sont faites par les ennemis !!! Même Maître Badinter, en dépit de la situation du moment, qui contribuait à mobiliser toutes les ressources psychiques contre l’ennemi Faurisson, a dû frémir en découvrant cela. Que dirait-il après avoir été un peu mieux informé ?

Décidément l’audience d’appel eût été bien intéressante !

Mes relations avec Joël Bouard ont fait tomber mes préventions à son égard. Sa sincérité dans la défense de la liberté d’expression, sa dénonciation du sionisme dont il connaît les magouilles, ne faisaient plus pour moi l’ombre d’un doute. Mais je restais sceptique quant à la pertinence de son intervention judiciaire. C’était beaucoup trop beau pour être vrai.

Or, c’était vrai. Non seulement Joël Bouard était parvenu à faire reconnaître et enregistrer son intervention volontaire aux côtés de Faurisson (elle figure dans le jugement) mais cette intervention pouvait rendre non-définitif le jugement rendu ! Cette intervention a donné lieu à deux audiences de la 17ème chambre. Je n’ai assisté qu’à l’une d’entre elles. J’ai vu de mes yeux tous les avocats présents rire en se moquant des prétentions de Joël Bouard, et le juge Bonnal le prendre de haut. Jusqu’à un moment où une réplique de Joël Bouard a éteint les sourires et où le juge a mesuré le problème procédural posé.

À partir de là, je n’ai plus rien compris. Au lieu de saisir la perche qui leur était tendue, Faurisson et Delcroix (absent à l’audience) ont tout fait pour saboter la manœuvre et couler l’intervention de Bouard ! Ils n’ont pas communiqué les pièces demandées par Bouard. Puis Faurisson a exécuté le jugement dans des délais records, comme s’il voulait lui-même rendre définitif un jugement condamnatoire, qui ne l’était pas encore ! et Faurisson s’est refusé à faire appel !

Et, pendant toute cette période, où je reconnaissais absolument à Faurisson et à Delcroix le droit de faire comme ils voulaient, comme ils l’entendaient, je ne suis pas parvenu à établir la moindre communication, soit avec Faurisson par l’intermédiaire des agents doubles de la VT, soit avec Delcroix. Mes tentatives et mes paroles glissaient sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard, sans qu’il daigne les entendre !

Alors même que l’appel aurait pu être l’occasion de déballer toutes les contradictions des censeurs, de ridiculiser certains témoins, qui n’ont plus que l’autorité qu’ils s’attribuent généreusement entre eux ! Occasion aussi de diffuser le point de vue révisionniste à des milliers d’avocats, avec un impact sans précédent, après la diffusion déjà importante du n°21 et du tiré à part « Un coup d’État judiciaire » !

C’est pour le coup que la Vieille Taupe s’est sentie lâchée au milieu de la colline. Mais peu importe. Elle en a vu d’autres.

Autant le risque nous avait paru grand et inutile d’assigner Badinter, autant il nous a paru incompréhensible, qu’après avoir choisi imprudemment le terrain judiciaire, on ne mène pas à son terme la bataille engagée sur ce terrain-là. Surtout après avoir obtenu une victoire partielle, en ce que le tribunal, composé du juge Bonnal et de ses assesseurs, les juges Anne-Marie Sauteraud et Béatrice Champeau-Renault, ait rejeté la demande principale de Robert Badinter et de Maître Jouanneau. Tout en retenant la « bonne foi » de Robert Badinter, ils avaient néanmoins prononcé :

« Tous ces documents et témoignages, pour hautement significatifs qu’ils soient, ne sont cependant pas aptes à prouver la vérité du fait diffamatoire tel qu’il a été défini ci-dessus en référence à une condamnation civile précise, obtenue en 1981 par une partie assistée par Robert Badinter contre Robert Faurisson pour être un faussaire de l’histoire.

Il convient, en conséquence de constater que le défendeur [Robert Badinter] a échoué en son offre de preuve. » (Jugement du 21 mai 2007, p. 13).

Il ne faut donc pas encore désespérer complètement de la justice, et des vertus de la dialectique judiciaire[5]. Les 17 pages du jugement sont très soigneusement rédigées et dénotent de la part du juge Bonnal un réel effort de compréhension et de pénétration des thèses opposées[6], soutenues dans les conclusions des parties, alors qu’il eût été très simple, et sans risque pour sa carrière, d’adopter la thèse du ministère public ou celle des Maîtres Badinter[7] et Jouanneau. Ce jugement contient, au terme d’un raisonnement solide neuf (9) mots qui pourraient servir un jour aux « négationnistes », et constituer la conclusion de l’affaire Faurisson. Ils s’inscrivent en faux contre la position démentielle adoptée par la justice soi disant allemande : « l’expression publique de la vérité est toujours légitime ».

Nous n’en sommes pas là, mais les temps approchent.

Il n’y a pas lieu de désespérer car le jugement du 21 mai 2007 reconnaît explicitement que ni le jugement de 1981, ni l’arrêt de 1983, n’avaient condamné Faurisson pour falsification de l’histoire.

 Ni l’histoire, ni l’Histoire ne sont des donnés, intangibles ou révélés, dont un tribunal puisse juger qu’ils sont falsifiés ou non. En démocratie non totalitaire l’appréciation de l’histoire est libre. La connaissance n’est pas obligatoire. Mais un tribunal peut parfaitement condamner quiconque, historien salarié ou non, breveté avec ou sans garantie du gouvernement, pour dommage à autrui, s’il se livre à une présentation de l’histoire qui falsifie des faits démontrables, s’il néglige des documents connus, s’il se livre à des troncations ou des dénaturations manifestes pour des raisons idéologiques ou autres. C’est précisément ce qui était arrivé dans l’affaire de l’arrêt Branly, qui fait jurisprudence. Et c’est précisément ce qu’avait tenté d’obtenir la LIC(R)A à l’encontre du professeur Faurisson, en invoquant d’abord la dénaturation, ou la négligence, du journal du médecin SS Johann Paul Kremer, puis, au cours de l’instance, d’un certain nombre de « preuves »  canoniques de l’existence des  chambres à gaz.

Si Faurisson n’a finalement pas été condamné de ce chef, c’est uniquement parce qu’au cours du procès, Faurisson a été en mesure de démontrer qu’il avait soigneusement étudié toutes ces « preuves » et que ce n’était qu’au terme d’une analyse scrupuleuse de toutes ces « preuves » qu’il avait tiré la conclusion qu’on lui reproche.

Nous ne dirons donc plus que les chambres à gaz n’ont pas existé. Car nous sommes pour notre part las d’étudier ce sujet et toutes les « preuves » susceptibles d’être présentées dans l’avenir (droit à la paresse) mais nous dirons que Faurisson, comme ses adversaires devraient avoir le droit de poursuivre librement leurs recherches, et le droit de rendre publiques leurs conclusions. Nous constatons qu’il résulte des débats judiciaires publics qui se sont déroulés de 1979 à 1983, que la LIC(R)A ni personne ne sont parvenus à démontrer une quelconque falsification, au sens défini ci-dessus, et que, par conséquent, la diabolisation du Professeur est injustifiée. Ce sont tout au contraire Maître Badinter, Maître Jouanneau, et plus encore le ministère public, par la parole du procureur François Cordier qui ont tenté de se livrer à une dénaturation falsificatrice démontrable, du jugement du 8 juillet 1981 et de l’arrêt définitif du 26 avril 1983.

Si les chambres à gaz ont existé, la LIC(R)A n’en possédait pas de preuves certaines, opposables aux tiers, en 1983. Quels que soient les reproches qu’on puisse faire au jugement du 21 mai 2007, il présente l’inestimable avantage, en ayant clairement rejeté les constructions délirantes du ministère public (Conclusions orales de Monsieur le Procureur de la République François Cordier) d’avoir maintenu la prémisse d’un redémarrage de la pensée.

Réciproquement, la Vieille Taupe estime que les connaissances et la science de Robert Faurisson n’ont pas lieu de devenir des vérités légales opposables aux tiers, mais les « historiens » qui n’en tiendraient pas compte dans leurs travaux futurs pourraient difficilement être considérés comme autre chose que des prêtres de la religion de la Shoah. Religion qui, à ce titre, doit être libre.

L’affaire de Teramo. Cette affaire est en cours. Elle est loin d’avoir développé toutes ses potentialités. Elle va avoir des suites judiciaires et politiques. Rappelons l’essentiel : L’invitation faite par le Professeur Moffa au Professeur Faurisson et à ses contradicteurs de venir exposer leurs thèses opposées au cours de son séminaire, a déclenché un hourvari considérable en Italie, sur lequel les médiats français sont restés étrangement silencieux. Cette initiative a déclenché l’intervention violente de commandos sionistes venus de Rome pour faire régner l’ordre moral à l’Université de Teramo. Cette affaire a déjà présenté l’avantage de donner à voir au public italien l’existence de cette police juive de la pensée qui entend contrôler et régenter l’Université par tous les moyens, y compris violents quand les pressions et les menaces sur la carrière ne suffisent plus. Attendons la suite…

Mais il est déjà intéressant de constater que cette invitation n’est pas tombée du ciel. Elle a été dans une large mesure le résultat d’un travail de longue haleine, mené discrètement par des agents doubles de la Vieille Taupe, pour se faire reconnaître comme des militants sérieux et efficaces dans les milieux anti-impérialistes et pro palestiniens et dans la gauche radicale italienne. Sans ce travail persévérant et continu pendant plusieurs années, il n’y aurait pas eu cette invitation « miraculeuse » à laquelle a aussi contribué la préface de Chomsky au Mémoire en défense… puisque Chomsky jouit d’une grande autorité parmi ceux qui ont invité Faurisson et parmi un certain nombre de ceux qui sont susceptibles d’assurer la défense de la liberté d’expression, et la protection du Professeur injustement diffamé et ostracisé.

Nul doute que si Faurisson avait su marquer une reconnaissance vraiment compréhensive envers la position de Chomsky et compris la valeur pratique et révolutionnaire, à double détente, du principe de la liberté d’expression, qui n’est pas la liberté de dire des conneries, il eût aidé ceux qui s’acharnent à l’en faire bénéficier, au lieu de compliquer leur tâche. Mais il lui sera beaucoup pardonné[8] !

 

COMMUNIQUER ?

 

– Clac !

Ils avaient raccroché ! Avant d’entendre la deuxième phrase que je voulais leur lire ! C’est ainsi que je me suis rendu compte que je m’étais fait piéger par les journalistes du Monde. Ils ne cherchaient qu’à obtenir une citation de la préface de Chomsky qui conforterait la thèse obligée d’un article déjà écrit, sur une préface qu’ils n’avaient pas lue ! La conversation courtoise qui avait précédé n’était destinée qu’à endormir ma méfiance. Peu leur importait ce que contenait la préface de Chomsky. Il fallait en diminuer l’impact et ne pas citer ce qui aurait pu l’augmenter, et donner envie de lire le livre et sa préface. La communication téléphonique servait de couverture à une absence de communication réelle. Le raccrochage brutal n’avait fait que me révéler la réalité de la situation. On gagne quelque chose quand on perd ses illusions.

Clac !

Cette fois c’est moi qui avait raccroché. Impulsivement ! J’avais raccroché au nez du Professeur. Je n’avais pas pu supporter qu’il ne me croie pas et qu’il m’invite à me faire soigner lorsque je lui racontais les incidents qui s’étaient déroulés chez moi (Bulletin n° 20), mais surtout je n’avais pas supporté de découvrir subitement que non seulement il ne m’avait pas cru un an plus tôt, pour une histoire sans importance de lapin tué, mais qu’il ne me l’avait pas dit sur le champ ! Ni donné l’occasion de répondre à ses objections parfaitement acceptables. Ce qui par contre ne l’était pas, acceptable, c’est le fait que depuis au moins un an il me considérait comme un mythomane et un hâbleur et qu’il n’en avait rien dit ! Dans ce cas, la rupture matérielle de l’apparence de communication ne faisait que constater la réalité d’une rupture bien antérieure de la communication spirituelle. Celle qui compte.

Clac !

C’est à peu de choses près ce qui s’est aussi produit avec Maître Delcroix ! Serais-je devenu d’une susceptibilité pathologique. Je dois dire que je ne connais pas d’autres cas où je me sois comporté comme cela. Plus exactement c’était cette fois au téléphone portable, ma ligne téléphonique ayant été coupée. Le dernier cri de la communication. Une réponse de Maître Delcroix m’avait laissé sans voix. Au sens strict. Incapable de répondre pendant quelques secondes ! J’ai donc entendu « allo !? allo ?! » et la conversation s’est interrompue sans que je sache exactement ce qui s’était passé, d’autant plus que je maîtrise très mal ces [insupportables] instruments modernes de la communication. Il s’agissait au départ d’un banal paquet à faire parvenir à Maître Delcroix. Je serai conduit à y revenir. Et la communication s’est heureusement rétablie depuis. Mais puisque cet incident mineur a donné lieu à une lettre. La voici :

 

Pierre Guillaume

17, rue de la Bretonnière

45340 Beaune la Rolande                                                                                        27 juillet 2008

 

                                                                                              à          Maître Éric Delcroix

                                                                                                          Coquefredouille

 

            Mon cher Éric,

            Je ne crois pas faire partie de ces gens auxquels il soit nécessaire de faire remarquer par deux fois que « les cabines téléphoniques existent » [pour rétablir la communication avec Serge Thion, alors que mes lignes téléphoniques et ADSL avaient été coupées et que j’avais des raisons particulières de ne pas utiliser mon portable] pour la bonne raison que je ne crois pas avoir donné des raisons de penser que j’aurais les deux pieds dans le même sabot, et qu’en la circonstance c’est avec toi que la communication fonctionnait mal.

            J’ai remis à Serge le dossier judiciaire de l’Affaire du siècle dernier à la date exacte qui avait été convenue avec lui le jour où ce dossier m’avait été remis. Il lui appartenait de te remettre ce dossier avant son départ en vacances. Mais la maladie et les circonstances ne lui ont pas permis de te rencontrer comme il l’aurait souhaité. C’est pourquoi il avait pris contact téléphoniquement avec toi, et convenu, je crois, de le déposer quelque part à ton intention à Paris. Ce n’était plus de ma responsabilité.

Deux heures avant leur départ, Sophie m’a informé que cela n’avait pas pu être fait, parce que le lieu où Serge devait déposer le dossier était fermé quand il s’y était présenté.

            J’ai donc demandé que le dossier soit déposé en un endroit précis chez eux, où j’ai accès, avec d’autres documents concernant les Sonderaktion en cours, que je devais récupérer. Aucune communication supplémentaire à ce sujet n’était donc  nécessaire avec Serge ou Sophie.

            Mais si j’ai cru devoir te demander de quand datait ta dernière communication avec Serge, ce n’était pas pour m’entendre conseiller de m’arranger avec lui, mais simplement pour savoir si tu étais informé du fait que Serge avait tenté en vain de déposer le dossier à une adresse qui s’était révélée non opérationnelle, afin que la même mésaventure ne se reproduise pas avec moi.

            M’étant rendu exprès chez Serge le lendemain, j’ai trouvé, comme convenu avec Sophie, le dossier, sur lequel Serge avait laissé un mot me demandant de le déposer au 22, avenue de la Grande Armée, Paris. Ce qui sera fait. Car la Vieille Taupe, en plus des promesses qu’elle a faites, tient les promesses qu’elle n’a pas faites.

            Mais…, je n’ai pas l’intention de me rendre à Paris avant la fin du mois d’août, sauf nécessité. C’est pourquoi, avec ton accord, je préférerais de beaucoup poster ce dossier, en « colissimo », éventuellement recommandé, à l’adresse qui te conviendra.

            Sauf imprévu je serai en août chez moi, joignable par la poste à l’adresse ci-dessus. Je ferai connaître quand ma ligne téléphonique et ma ligne Internet ADSL seront rétablies.

            Bien à toi.

 

 

P.S. : Mon mouvement d’humeur ne me fait pas oublier, non seulement tout ce que nous tous te devons, mais tout ce que je te dois personnellement. Car sans toi et ta générosité, je ne serais pas parvenu à faire face à la situation lors de la dernière affaire à Orléans. C’est pourquoi je souhaiterais vivement qu’une meilleure communication se rétablisse entre nous, d’autant plus que cela serait bien nécessaire à la réalisation d’un certain nombre de projets de la Vieille Taupe. Car la guerre continue. Elle va même s’aggraver, et devenir dangereuse. La VT voudrait savoir sur qui et sur quoi elle peut compter. Ce qui suppose de pouvoir définir clairement et en toute liberté les accords et les désaccords.

            Toutes mes amitiés à Monique. J’en profite pour lui demander ce qu’elle pense du livre de Yves Amiot L’affaire Dreyfus. Bien à vous.

 

L’important ne sont pas les détails d’un incident microscopique au regard des situations extrêmes que nous avons vécues ensembles pendant les trente années (eh oui !) de l’Affaire. L’essentiel est de bien comprendre les divergences qui sont apparues récemment entre nous. J’en ai déjà signalé une d’importance : l’appréciation du rôle de Bouard et de la collaboration qui, à mon sens, aurait pu et dû s’établir avec lui. Une deuxième divergence est apparue aussi au cours du procès Robert contre Robert. L’un des arguments de Delcroix et de Faurisson pour ne pas faire appel du jugement condamnatoire était que Delcroix, prenant sa retraite fin 2007, il ne pourrait pas plaider l’appel et qu’il ne se trouvait aucun avocat susceptible de le remplacer !

Je dirais ailleurs tout ce que nous devons à Maître Delcroix, et l’héroïsme qu’il lui a fallu pour sacrifier une carrière qui s’annonçait brillante à un dossier qui restera à son honneur, mais qui vient encore de lui valoir le refus de l’honorariat, mesquinerie pitoyable qui ternira durablement la dignité de l’Ordre qui le lui a refusé.

Sa rencontre, en décembre 1979, après que nous venions, Faurisson et moi, de courir tous les avocats « de gauche » que nous connaissions, a été une bénédiction. Faurisson venait de recevoir une assignation surréaliste en « dommage, par falsification de l’histoire » devant le tribunal civil, où le recours à un avocat est obligatoire. Les délais couraient… Et tous les avocats refusaient de se charger du dossier ! A l’époque je craignais le pire de la réputation d’extrême droite d’Éric Delcroix.… J’avais tort. Jamais dans aucune de ses nombreuses plaidoiries, il n’a dit un seul mot que la Vieille Taupe ne puisse assumer complètement ! Jean-Pierre Carasso, qui partageait mes craintes, au terme des audiences de la première chambre civile du Tribunal de Paris m’avait dit : « Mais qu’est-ce que tu nous racontes ! Il est absolument parfait ce type, sa plaidoirie, je la signe ! ». Delcroix avait même repris une formule que je lui avais suggérée « Les Juifs sont comme tout le monde, mais ils ne le savent pas ! »

D’autres avocats nous ont ensuite rejoints : Maître Chotard, Maître Berthout. Mais sans l’énergie initiale de Maître Delcroix et sans sa grande rectitude qui désarma les préventions, rien n’aurait été possible du Verdun judiciaire que fut le grand procès civil qui s’est déroulé du 15 février 1979 au 26 avril 1983. Ce procès et l’arrêt définitif qui le clôt constitue un territoire imprenable à partir duquel un redémarrage de la pensée demeure possible.

Notre désaccord actuel porte sur le fait que, pour moi, sa retraite ne constituait pas un obstacle dirimant à la possibilité de faire appel du jugement du 21 mai 2007.

La recherche d’un avocat aurait pu être l’occasion d’une lettre adressée à tous les avocats de France ! On pouvait ensuite s’adresser à l’Ordre failli des avocats ! C’est ce que j’avais fait dans l’affaire des affichettes « Si je suis révisionniste, je peux t’en parler ? » qui détournaient les affiches de  l’Agence française de lutte contre le Sida. L’Ordre pas encore failli m’avait désigné d’office, à ma demande, peut-être par perfidie, un avocat sioniste militant, Maître Balan, qui m’avait très bien défendu ! Il avait aussi été stupéfait de découvrir que les révisionnistes n’étaient pas des charlots ! Et que je n’étais pas antisémite ! Et lui, il était beaucoup plus capable de faire passer le message, au moins discrètement dans certaines directions, que qui que ce soit d’autre. Cela valait bien les honoraires tout à fait raisonnables que je lui ai versés, et qui étaient amplement mérités.

Il a été un peu plus fuyant quand il s’est agi de plaider dans l’affaire Garaudy, mais il a été cependant présent dans la cause. Preuve qu’on peut vivre ensemble sans se bouffer le nez. Il est bien inscrit dans le jugement au côté de Maître Delcroix. comme l’un des avocats m’ayant assisté.

Autant il fallait un avocat à la fois excellent et héroïque pour plaider devant un tribunal français, en 1981, que les chambres à gaz n’avaient pas existé, autant pouvait-on se contenter en 2008 de plaider que l’arrêt du 26 avril 1983 disait… ce qu’il disait et pas le contraire de ce qu’il disait !

Sur cette base-là, je suis convaincu qu’il était possible de trouver un avocat. Il n’est même plus nécessaire qu’il soit révisionniste ! Il serait presque préférable qu’il ne le soit notoirement pas ! Il suffirait qu’il plaide qu’il n’est pas absolument normal que l’on puisse déclarer à la télévision qu’on a « fait condamner Faurisson pour être un faussaire de l’histoire » quand c’est objectivement et judiciairement faux, et qu’au surplus, dans son for intérieur, on regrette amèrement de ne pas y être parvenu !

Peut-être même Maître Balan aurait-il pu faire l’affaire, d’autant plus que, sioniste pur et dur, il doit conserver une dent contre Badinter qui doit symboliser pour lui le Juif diasporique intégré parmi les nations… Mais là je m’avance. En fait je n’en sais rien. Et peu m’importe. Toujours est-il qu’une stratégie judiciaire différente[9] aurait suffi pour préserver les prémisses de beaucoup de syllogismes qui n’attendent qu’une occasion…

La situation n’est plus du tout celle de 1981. Il faut s’adapter aux situations changeantes et ne pas rejouer les batailles que l’on a en mémoire. Ce n’est pas la mémoire qui doit formater l’intellect, c’est l’avenir[10] . C’est même là une excellente définition de la révolution dont l’humanité a besoin.

Le Mythe est au bord de l’implosion.

Et c’est la troisième divergence qui soit apparue avec Maître Delcroix. Elle est de taille. En plus il y a seulement quelques jours j’étais à peu près le seul de mon opinion, que même mes plus fidèles Sonderkommando ne partageaient pas. Si bien que chaque fois que j’ai essayé de discuter de la situation dans l’espoir de définir des orientations alternatives à ce qui me paraissait devoir être des impasses, je me suis heurté à des réponses stéréotypées qui sonnaient comme des fins de non-recevoir:

– « Il n’y a plus aucun avocat qui accepte de plaider pour les révisionnistes ! »

– « Les derniers magistrats qui pensaient ont été éliminés ! »

– « Tous les grands magistrats de la Cour de cassation qui ont eut à connaître de l’Affaire sont à la retraite », et enfin : « Nous sommes sous Théodose[11] ».

Cette comparaison à elle seule constituait un refus de discuter de la situation, et une condamnation de l’agitation nécessairement stérile à laquelle se livrait la Vieille Taupe et ses Sonderkommando, puisqu’elle signifiait que la religion shoatique, par analogie avec le catholicisme dans le Bas-Empire romain, s’installait pour des siècles, alors qu’au contraire je soutiens qu’elle est condamnée à bref délai si…, évidemment, les révisionnistes le veulent vraiment et font ce qu’il faut !

Mais les révisionnistes le veulent-ils vraiment ?

Certains révisionnistes du moins !

On devrait pouvoir en discuter.

Certes, les révisionnistes qui ne veulent plus de la victoire du révisionnisme sont nombreux ! Il y a d’abord tous ceux qui ont peur de l’invasion islamique ! Ils sont prêts à une alliance avec le sionisme contre l’Islam. C’est idiot. C’est la politique de gribouille. Ces gens ne semblent pas s’être avisés que le sionisme, c’est justement la proclamation du droit des immigrés de prendre la place et de chasser les indigènes de chez eux au nom du tort subi par leurs ancêtres. Ensuite ils n’ont pas compris que la menace qu’ils ressentent de la part d’un Islam conquérant résulte beaucoup plus du fait qu’ils sont eux-mêmes désarmés intellectuellement et spirituellement que du fait du dynamisme intrinsèque de l’Islam ! C’est parce que les sociétés occidentales sont désarmées spirituellement, terriblement injustes et déchirées contre elles-mêmes qu’un simple foulard suffit à les déstabiliser ! Ce n’est pas une défaite de plus devant le sionisme qui contribuera à les réarmer moralement. Au contraire ! Mais cette question devrait faire l’objet d’un développement particulier.

D’autre révisionnistes ont blanchi sous le harnais de la lutte contre le stalinisme. Alliés au capitalisme et au « libéralisme » essentiellement Nord-américain, ils ne veulent pas encore apercevoir que c’est ce capitalisme-là qui est devenu l’agent destructeur, et mondialisateur le plus implacable.

Ensuite, bien des révisionnistes ont tellement pris l’habitude d’être roulés dans la farine qu’ils ont perdu la capacité d’apprécier la situation actuelle et la capacité de comprendre en quoi la position des censeurs est condamnée à entrer en contradiction avec elle-même et à s’autodétruire.

C’est d’ailleurs la principale raison qui a empêché de percevoir en quoi les taupinettes de Chard, le poème de Wilhelm Stein, le carton « Raymond barre », et les Sonderaktion de la Vieille Taupe ouvraient réellement des perspectives. Nous reviendrons sur ce sujet à la fin de ce « bilan ».

Je viens donc de consacrer quelques pages à étudier et à circonscrire quelques désaccords pratiques qui sont survenus entre des  « révisionnistes ». Certains penseront certainement que cela est inutile, et même nuisible à la cause révisionniste, en ce que cela risque de créer la « division » et risque de nuire à « l’unité », qui constituerait « la force » du mouvement. C’est une erreur complète. Mieux vaut savoir où l’on en est réellement. Mieux vaut une division assumée qu’une unité factice. Ce sont au contraire mes propres hésitations à franchir ce pas qui m’ont paralysé pendant plusieurs années et qui m’ont rendu malade. C’est le franchissement psychologique de ce pas-là qui m’a guéri et m’a rendu apte à l’action ! Sur la base d’un raisonnement simple : Si moi-même, avec mes motivations, que je crois très fortes, je ne parvenais pas à trouver ma place dans un mouvement collectif, tel qu’il était, avec le fonctionnement réel qui était le sien en pratique, alors à peu près personne ne pourrait y trouver sa place et s’y intégrer… Me venait alors à l’esprit la longue liste de ceux, plus ou moins motivés, qui s’étaient approchés de nous, puis avaient disparu, sans parvenir à s’intégrer à une pratique collective. Il y avait donc quelque chose qui faisait que, quelles qu’aient été les qualités exceptionnelles qui avaient permis à Faurisson, à Delcroix, et à la Vieille Taupe, de tenir le coup pendant des années et de réussir le Verdun judiciaire des années 79 – 81, il y avait, dans le fonctionnement qui s’était institué, et dans les structures mentales qui nous avaient permis de fonctionner, quelque chose qui entravait le développement d’un mouvement social collectif, puisque ce ne sont pas les recrues potentielles de qualité qui ont manqué. En particulier, l’extraordinaire capacité caractérielle de Faurisson à se sortir de situations désespérées l’avait conduit à ne compter que sur ses extraordinaires capacités caractérielles ! jusqu’à se jeter lui-même dans des situations désespérées !

Me sont revenues à l’esprit deux images qui m’étaient venues spontanément plusieurs fois, à l’époque héroïque. Il se noie dans la piscine. Il appelle au secours… On se jette à l’eau et on l’en sort à grand-peine. On le réanime, on lui fait respiration artificielle et massage cardiaque, et… à peine a-t-il repris connaissance qu’il se précipite à nouveau dans la piscine. La deuxième image : le bulldozer tape dans la butte… à peine a-t-il commencé à pousser de la terre devant lui, au lieu de continuer à pousser cette couche de terre, il enfonce plus profondément la pelle, pour enlever tout d’un coup, et cette fois le bull reste bloqué !

Mais tout ceci devrait nous conduire à des réflexions beaucoup plus générales. Toute personne réagit et crée des situations en fonction de sa personnalité. « Réagit » tout le monde comprend. Mais « crée ».  Eh bien, oui ! Toute personne, par sa manière d’être au monde, est un élément de la situation. On peut donc dire qu’il la « crée », dans une certaine mesure, puisque si cette personne n’existait pas, la situation serait différente. Restons-en là pour le moment.

Ensuite, toute personne analyse la situation dans laquelle elle est située et de laquelle elle participe. Elle y fait face, ou pas, en mobilisant ses capacités diverses, parmi lesquelles ses capacités caractérielles, qui sont façonnées par son histoire antérieure, et par ses expériences infantiles. Jusqu’ici nous sommes à un niveau de généralité sur lequel l’accord ne peut être que général. Parmi ces capacités, l’une d’entre elles est un peu particulière, c’est la raison.

Cette « raison », qui a un rapport avec le langage, fonderait l’humanité de l’homme. Cela se discute, mais cela tient la route. Cette raison pourrait bien être d’origine Divine ! Cela se discute aussi et cette hypothèse ne plaît pas aux rationalistes. Mais comme il nous faut agir, nous n’attendrons pas que cette importante question soit résolue.

Il est certain que les comportements humains ne sont pas déterminés par la raison, mais qu’ils doivent être « rationalisés » pour pouvoir devenir collectifs face à l’adversité. Ils doivent être aussi « rationalisés » pour l’individu lui-même, qui n’accède pas toujours, probablement pas souvent, à la compréhension complète de ses propres déterminations, mais qui doit réussir une cote mal taillée entre les déterminations réelles de ses comportements et leur rationalisation, pour lui-même et pour les autres. Faute de quoi il devient névrosé ou développe une psychose, ou que sais-je encore. Mais quelles que soient les faiblesses de la raison et du langage, le langage raisonnable est à peu près le seul moyen dont l’homme dispose pour intervenir à titre humain dans l’histoire.

Les règles du langage raisonnable, de la logique, de la raison ne sont pas produites par l’homme, ni décidées, ni codifiées arbitrairement. Il lui appartient de les découvrir et de s’y conformer, ou pas. D’où le problème philosophique… en suspens.

Mais la raison n’est pas non plus un tout, un donné, dans lequel il suffirait de puiser pour être raisonnable. Elle a ses règles, qui sont « dures[12] ». Mais tous les hommes ont appris à ruser avec elle, à biaiser, à tordre…et la faute logique ne saute pas nécessairement aux yeux. L’illusion a les apparences de la réalité, sinon elle ne serait pas illusion. Tout homme, même les crétins, utilisent des segments de rationalité plus ou moins importants pour communiquer. Et ils appliquent l’analyse rationnelle à des segments plus ou moins importants de la réalité. L’objectif étant d’appliquer le plus possible de rationalité au plus de segments de la réalité possible. Mais ceux qui croient que la totalité de la réalité relève de la rationalité sont des crétins[13]. Mais ce n’est pas encore là que je voulais en venir.

Les hommes supérieurs, bien entendu, n’existent pas, puisque l’évaluation de leur éventuelle supériorité dépend de l’échelle des valeurs que l’on a choisie pour établir une comparaison. Et puis c’est très politiquement incorrect depuis que Hitler et les Socialistes nationaux allemands auraient bâti toute une idéologie sur l’idée qu’ils étaient des hommes supérieurs, ce qui les aurait conduits à exterminer tous les Juifs, ce qui est très très mal, alors qu’il faut exterminer tous les talibans, ce qui est très très bien (si ce n’est pas pour des motifs raciaux, car cela redeviendrait très très mal, bien que je croie savoir que les Afghans seraient en grande partie des Aryens).

Mais il existe des hommes qui ont expérimenté dans l’adversité l’efficacité des structures caractérielles dont ils étaient dotés par leur histoire personnelle, et des structures mentales et intellectuelles à l’aide desquelles ils tentaient d’analyser les choses et les situations. Le problème est que ces hommes-là ont pris l’habitude de n’être attaqués et critiqués en général que par des nabots qui leur sont réellement inférieurs (dans le domaine de comparaison choisi), et ils perdent la capacité de reconnaître la valeur d’idées neuves qui les obligeraient soit à remettre en cause leur structure caractérielle personnelle soit les structures mentales dont ils ont pu vérifier l’efficacité dans la pratique. Cette situation n’est pas exceptionnelle. C’est au contraire une constante qui explique le remplacement conflictuel des « dirigeants », quand les temps sont venus, c’est-à-dire quand la situation exige des orientations et des stratégies nouvelles. C’est au groupe « Socialisme ou barbarie » que j’ai observé de telles situations, leurs développements et leurs conséquences, et commencé à réfléchir avec Guy Debord aux leçons qu’il fallait en tirer. En particulier le cas de Cornélius Castoriadis avait provoqué discussions et réflexions entre nous. Mais c’est plus tard, avec l’expérience de « Pouvoir Ouvrier », avec Laborde (Lyotard), Brune (Souyri), Véga (Maso), que  mes idées sur ce sujet ont commencé à se préciser vraiment. (à suivre[14])                                                 Le 25 septembre 2008

L’an prochain à Aelia Capitolina.

Pierre Guillaume                                                          Nihil obstat. Wilhelm Stein

 

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Bilan 4          Retour accueil

 



[1] Les soldats français en Afghanistan portent souvent, en opération, le casque OTAN, qui copie le casque allemand de la 2ème guerre mondiale, parce qu’il était le meilleur casque, tous les militaires en conviennent. Ils ont sur leurs uniformes et leurs treillis, en haut du bras, un écusson tricolore bleu, blanc, rouge. Comme les soldats de la division Charlemagne, sur le front de l’Est, pendant la 2ème.

 [2] Souvent il semble que l’esprit s’oublie, se perde, mais à l’intérieur il est toujours en opposition avec lui-même . Il est progrès intérieur – comme Hamlet dit de l’esprit de son Père : …

[3] Karl Marx, Textes (1842 – 1847). Cahiers Spartacus, avril - mai 1970, n° 33.

[4] La loi Gayssot, anticonstitutionnelle, intellectuellement insoutenable est…intouchable ! Pourquoi ?

[5] Même lorsque l’on reste convaincu, comme la VT, que « ce n’est pas là que ça se passe ».

[6] Souvent il semble que l’Esprit s’oublie, se perde, mais à l’intérieur il est toujours en opposition avec lui-même. Il est progrès intérieur…

[7] Admis à l’honorariat.

[8] Parce qu’il a beaucoup péché !

[9] Il n’en faudrait pas déduire qu’il eut été plus habile et suffisant d’agir ainsi lors du premier procès. Là ce sont Faurisson et Delcroix (et la VT) qui avaient raison. Sans cette détermination, les colonnes du temple n’eussent pas été ébranlées et l’Affaire eut été digérée sans difficulté.

[10] Attention ! C’est à double tranchant.

[11] Théodose 1er, Empereur romain mort en 395. Il imposa l’unité religieuse et la doctrine catholique d’alors (Concile de Nicée). Il persécuta les païens et les ariens et tous les hérésiarques.

[12] Au sens où on parle de sciences dures

[13] Au moment où j’écrivais cette phrase, France Inter annonce le vote par le Parlement français (démocratique) qui confirme l’envoi de soldats français en Afghanistan. L’argumentation de la majorité, dans le segment de la réalité où elle l’applique, est rationnelle (Si on ne veut pas que nos braves petits soldats soient morts pour rien… Et si on plie bagage immédiatement, ils seront assurément morts pour rien, et les méchants talibans reviendront). Toute cette « rationalité » au service d’une décision monstrueuse et imbécile, et au surplus sans issue ! qui n’aboutira qu’à multiplier à l’infini les morts pour rien. L’argumentation de l’opposition n’est pas moins rationnelle (Jospin les a envoyés avec d’autres objectifs, après le 11/9, pour punir les méchants talibans… Et puis… Et puis… Mais….). La « gauche » renouvelle ainsi ses habituelles palinodies. Ménage la chèvre et le chou. Les analogies qui viennent à l’esprit abondent. Mais la majorité (bolchevik) et la minorité (menchevik) sont entièrement d’accord entre elles pour tenir à l’écart de l’analyse rationnelle le 9/11, comme disent les ricains, les Twin towers (la troisième est priée de rester discrète). Autrement dit le 11 septembre. Les événements du 11 septembre 2001 sont pourtant, soit prétexte, soit cause, à l’origine de l’intervention occidentale en Afghanistan et en Irak. Mais là : arrêt de la pensée – tabou – strang verboten. On comprend mieux pourquoi, abreuvés du matin au soir de discours rationnels au service du mensonge absolu, certains en soient réduits à se réfugier dans l’irrationnel pour conserver un peu d’humanité et leur capacité de résister à la domestication par le Capital. La Vieille Taupe demande le retrait total de l’Armée française de l’Afghanistan, où elle n’a rien à faire. Elle prévient en plus, parole d’ancien, le ñass-ba Georgelin que même si l’Armée française et ses alliés avaient ne serait-ce qu’une toute petite chance de parvenir en Afghanistan à remporter sur le terrain une victoire militaire équivalente à celle qu’elle avait remportée en Algérie contre l’appareil politico-militaire du F.L.N., ce ne serait que pour subir finalement une défaite politique programmée et pour subir ensuite la vindicte, les sarcasmes et la « repentance » des politiques, y compris ceux qui les ont envoyés !

Question : Combien parmi les députés qui ont voté en faveur du renforcement de la présence militaire française en Afghanistan pensent réellement qu’on puisse mener une guerre de cette sorte sans que soient commises toutes sortes d’atrocités ? La Vieille Taupe propose préventivement l’amnistie des militaires et la constitution d’un tribunal pénal international pour juger les députés qui eux ont voté démocratiquement et librement cette connerie.

[14] Les sujets annoncés dans le cours des trois premières parties de ce Bilan… qui n’ont pas été traités, le seront dans Bilan…(4)