Bilan… (5)

 

Maman est morte.

Grand-mère est morte.

Tante Francette est morte.

La vieille dame qui allait nager jusqu’à la bouée, sur la plage du Pigeonnier, à plus de 80 ans…

Eh bien… Elle est morte !

Elle en a laissé des traces de son passage.

Elle en a marqué des vies qui continuent… et des vies déjà éteintes.

Chacun a d’elle, garde d’elle un souvenir différent. Parfois fugitif. Parfois profond.

Mais elle ? Qui était-elle ?

Ces dernières années, elle ne se sentait plus tout à fait elle-même, et elle en souffrait.

Mais c’était encore elle.

Elle est morte le Samedi 18 Octobre à 3h du matin, au centre hospitalier de Royan.

Son cœur s’est arrêté de battre, paisiblement, en présence de sa petite fille Fabienne qui la veillait à l’hôpital.

Elle y avait été transportée le Mardi 14 Octobre par le SAMU à la suite d’un accident vasculaire cérébral survenu au Monastère des Dominicaines de Corme Écluse, où elle séjournait parfois, et où elle se trouvait depuis une dizaine de jours. Coma profond irréversible dont nous, dont je, dont nous tous avons d’abord refusé l’évidence.

Nous l’avions rencontrée, Renée et moi, deux jours auparavant, sereine, apaisée.

Il ne serait pas exact de dire qu’elle attendait la mort, mais elle ne la craignait pas.

Elle était reconnaissante aux Sœurs Dominicaines de l’atmosphère régulière et paisible du monastère.

Elle se souvenait de Molsheim – le couvent des Oiseaux, où elle avait passé son brevet élémentaire avant de revenir travailler chez ses parents – à Ramber.

Elle a eu presque la mort qu’elle souhaitait. Celle de sa mère, dont elle parlait souvent.

En pleine activité, une douleur au cœur, un cri, c’est fini.

Elle craignait par-dessus tout une longue et inutile réanimation.

Mais le craignait-elle pour elle ? Ou pour nous ?

Car elle ne s’autorisait pas à penser à elle.

Au centre hospitalier, elle a reçu tous les soins possibles d’un service irréprochable à tous les niveaux, qui a permis toutes les visites souhaitables et a autorisé chaque jour un membre de la famille à dormir à côté d’elle.

L’hémorragie cérébrale avait détruit son cerveau, mais son cœur battait imperturbablement. Comme un métronome. Symbole de l’énergie dont elle avait fait preuve toute sa vie et en tant de circonstances. Puis il s’est finalement arrêté – comme elle l’avait souhaité – mais juste en nous offrant un petit délai pour nous permettre de prendre conscience.

 

Grand-Père est mort le 22 Septembre 1985, 23 ans plus tôt. Il a été enterré civilement, comme on dit. Sans aucune cérémonie. Sans les honneurs militaires, qu’il ne souhaitait pas. Dans l’intimité familiale. Il ne souhaitait pas laisser d’autres traces que celles qui restaient dans les cœurs et dans les esprits. Sept ans après son enterrement, ses restes ont été mis dans la fosse commune du cimetière Montperrier, où je suis passé quelquefois. Cela choque certains. Et je le comprends. Mais, dans une large mesure c’est après sa mort que j’ai commencé à découvrir mon père, et à dialoguer sérieusement avec lui !

Jamais il n’a eu autant d’influence sur ma vie et sur mes pensées que depuis qu’il est mort.

 

Maman souhaitait être incinérée. Je me demande si elle ne voulait pas dispenser ses enfants et ses petits-enfants de l’émotion qui vous étreint au moment où on descend le cercueil dans la terre.

De toute façon, c’est raté ! Car l’émotion ne sera pas moindre, devant le crématoire.

 

On ne pourra plus lui parler. On ne pourra plus lui dire toutes ces choses qu’on aurait voulu lui dire. On regrettera toujours d’avoir différé les discussions qu’on aurait souhaité avoir avec elle. En fait, on avait déjà beaucoup trop différé, car ces derniers temps son esprit n’était déjà plus le même, déjà plus tout à fait le sien, et sa mémoire s’embrouillait, se perdait même. Encore pouvait-on faire quelque chose pour elle, prendre soin d’elle, veiller à son confort. Mais maintenant, c’est fini.

On ne peut plus rien faire pour elle.

L’absence de cérémonie est une responsabilité redoutable que nous avions prise avec Maman pour l’enterrement de Grand-père, notre père, son mari.

La crémation qu’elle a choisie pour résoudre le problème ne fait que le rendre plus compliqué encore. Où se déroule la cérémonie ? A la maison ? A la chambre funéraire ? A la mise en bière ? A la crémation ? Au restaurant ?

Qui viendra ? Où ? Quand ? Comment ?

Peu importe.

L’absence de cérémonie nous renvoie à nous-mêmes. C’est la cérémonie de l’absence.

L’absence de Maman

L’absence de Grand-mère

L’absence de Tante Francette

L’absence de la vieille dame qui allait se baigner.

Son absence nous obsède, nous remplit d’émotion. Elle est présente par son absence même.

L’absence totale, sans échappatoire, sans substitut, rend cette absence encore plus insupportable,

encore plus palpable.

J’ai dit tout à l’heure : « On ne peut plus rien faire pour elle !»

Chacun ressent cette évidence insupportable.

Mais c’est une sottise. Puisque l’idée de son absence est insupportable, c’est bien la preuve qu’elle est présente en nous. Chaque fois que nous pensons à elle, chaque fois que nous dialoguons en imagination avec elle, elle vit en nous. Elle commence une autre vie.

Que désirait-elle par-dessus tout ?

Le bonheur des autres ! Le bonheur de ses enfants, le bonheur de ses petits-enfants ! De ses neveux, de ses nièces, et plus généralement… de tout le monde. L’état du monde la désolait.

Mais rien ne la préoccupait plus que le sort de ses enfants, de ses petits-enfants, de ses neveux et nièces, de la famille…

Pas la réussite sociale, pas la réussite mondaine, mais l’accord avec soi-même, avec juste la réussite minimale nécessaire pour l’obtenir, dans la simplicité.

Sa mort a déjà réussi quelque chose qui lui eut fait plaisir de son vivant ! La réunion de famille qui a lieu à l’occasion de sa mort.

Je remercie Marie-Christine et Guy d’être venus manifester leur respect pour notre mère. Il est bien sûr qu’elle n’a jamais été pour rien dans nos embrouilles, et votre présence à tous deux lui aurait fait plaisir, puisque votre présence auprès de leur grand-mère fait plaisir à vos enfants, à ses petits-enfants.

Pour faire plaisir à ses petits-enfants, elle était prête à tout oublier des mauvais moments, et à ne se souvenir que des bons moments, qu’il ne faut pas oublier non plus.

Une crémation sans cérémonie choque certains. Elle n’aurait voulu choquer personne. Elle avait été heureuse de parler avec un prêtre qu’elle avait rencontré à Corme Écluse, mais elle n’avait pas changé sa détermination.

Dans la chambre funéraire de Royan, à sa tête, il y avait un grand crucifix. Ce n’est pas elle qui l’avait demandé, ni moi, ni personne. Mais je n’ai pas demandé qu’on le retire. Au contraire, j’ai été heureux de la présence de ce symbole chrétien, de son enfance et de son éducation catholique.

Et puis : se sacrifier pour les autres afin que ce qui doit être soit, n’est-ce pas l’essence du récit christique, de l’Évangile.

Ce n’est pas l’essence du Christianisme qu’à un moment de sa vie, elle avait rejeté, c’est le scandale que les chrétiens soient si peu chrétiens quand elle en aurait eu besoin.

Elle n’a plus besoin de RIEN.

Si : Que nous soyons tous le plus heureux possible, mais pas aux dépens des autres !

Si : Elle a besoin que nous soyons dignes d’elle. Avec son courage et son énergie.

C’est le seul miracle qu’elle souhaitait.

C’est le miracle qu’il nous appartient maintenant d’accomplir.

Mais pas pour elle – Pour nous-mêmes. C’est ça qui lui aurait fait plaisir !

Elle n’osait pas affirmer ses désirs. C’était son défaut !

Texte lu, le mardi 21 octobre 2008, à la chambre funéraire, à Royan.

Relu au crématoire, à Saintes, à l’intention de tous ceux qui étaient venus honorer

Marie Françoise Victoire GUILLAUME, née ROCHOTTE  le 22 janvier 1918

 

La vie continue…

La rédaction de ce Bilan… aussi. Mais il est bien difficile de reprendre le rythme…

Certains n’en veulent rien croire, mais je déteste écrire.

Trop d’idées se pressent… Et, de toute façon, on est mal lu ! À quelques exceptions près. C’est pour ces exceptions, variables, tournantes, et aléatoires, qu’il est peut-être utile d’écrire. Et pour l’avenir, s’il existe.

L’actualité est « hallucinante ». Le capitalisme, et le libéralisme qui en est la doctrine, et l’expression achevée, sont en train de réussir ce que le Prolétariat a raté au siècle dernier : déconstruire l’économie politique. Nous n’en sommes qu’au tout début. Et l’intervention du Prolétariat sera bien nécessaire pour créer autre chose, si quelque chose doit succéder au capitalisme[1]. mais nous n’en sommes pas encore là.

 

On entend, sur France Inter, des choses qu’il eut été inconcevable d’entendre naguère encore. Les mécanismes de la création de valeurs virtuelles et du gigantesque transfert de richesses qui en résulte aux dépens de la classe ouvrière, exposé depuis longtemps dans des revues confidentielles, considérées comme ringardes et « paléomarxistes », sont exposés à peu près correctement par des éditorialistes « raisonnables ». Des « révisionnistes[2] » (clandestins – mais pas pour tout le monde ni pour toujours) s’expriment longuement (sur d’autres sujets que le sujet tabou). On apprend qu’en Allemagne, la vente des œuvres de Karl Marx vient de progresser brusquement ! Espérons que ses nouveaux lecteurs seront historiquement moins lamentables que les « marxistes » des générations précédentes. Ils feraient bien de méditer sur cette dernière phrase du texte connu sous le titre inexact de Die Judenfrage, (et sur quelques unes des phrases qui la précède) : « L’émancipation sociale du Juif, c’est l’émancipation de la société du judaïsme »[3].

Les mécanismes de l’illusion historique et de la construction des vérités officielles sont dévoilés et analysés par les commentateurs, à propos d’un livre qui vient de sortir aux éditions Tallandier : L’Histoire interdite de Franck Ferrand. Le sujet est passionnant, n’est-ce pas ? Je ne l’ai pas encore lu, mais à en juger par les commentaires sur France-Inter, je ne serai pas déçu. Je l’ai commandé.

À propos du mythe d’Alésia, que l’on a voulu situer à Alise Sainte Reine, au XIXe siècle, dans un but d’exaltation patriotique, ce dont Napoléon III fut le promoteur, les mécanismes par lesquels ce mythe fut préservé, amplifié et consolidé sont bien intéressants à étudier. D’autant qu’ils fonctionnent encore aujourd’hui, ces mécanismes, encore amplifiés par la puissance des médiats.

Ainsi l’État peut créer des mythes historiques… !?

Qu’il est ensuite très difficile, voire interdit de NIER, bien qu’ils ne reposent sur RIEN.

Mais ne vendons pas la peau de l’ours… je reparlerai de ce livre, et des analogies qu’il suggère, après l’avoir lu. .C’est-à-dire après avoir vérifié si ce Franck Ferrand à fait de véritables recherches et apporte du nouveau dans les sujets dont il traite. En tout cas, s’il veut faire une belle carrière, il a intérêt à faire savoir dare-dare qu’en ce qui concerne les chambres à coucher dehors, on dispose de tant de preuves irréfutables, et de tant de témoignages incontestables, que toute analogie avec les points d’histoire qu’il a lui-même abordés serait abusive et malveillante. Pourtant, par les analogies qu’il suggère, il pourrait bien nolens volens contribuer à faire avancer notre schmilblick.

D’ailleurs en ce qui concerne la Shoah, l’histoire n’est nullement interdite…Elle est même recommandée ! Toute une cohorte d’historiens salariés et garantis par le gouvernement, regroupés dans l’association « Liberté pour l’histoire », présidée par Pierre Nora[4] en témoignent.

Toujours sur France-Inter, un journaliste citait cette forte phrase de Napoléon : « L’Histoire est un mensonge que personne ne conteste ». Il suffirait donc pour qu’une croyance accède au statut d’Histoire, d’en interdire la contestation ! Il suffisait d’y penser ! Et c’est pourquoi ce noc de Pierre Nora est un ardent défenseur de la loi Gayssot !

La construction intéressée du mythe d’Alise-Sainte-Reine avait déjà été dévoilée pour le grand public dans un livre d’Hervé Le Goff : Les grands truquages de l’histoire. Jacques Grancher, éditeur. Paris 1983. L’auteur ne dissimulait d’ailleurs pas, à l’époque, l’intérêt qu’il portait aussi au sujet tabou lui-même, puisque fort habilement, il traitait dans le même livre du Journal d’Anne Frank, et il livrait explicitement ses sources, et les vérifications auxquelles il avait procédé. Cela serait impossible aujourd’hui. Aucun auteur, aucun éditeur soucieux de le rester, n’en prendrait le risque.

On comprend pourquoi le culte de la Résistance se développe ! Surtout chez ceux qui manquent tellement de courage et de dignité…Ils ont besoin de cultiver l’idée qu’ils eussent été d’héroïques Résistants pour compenser la gêne qu’ils ont de n’être que ce qu’ils sont.

Il n’y a donc pas lieu d’être optimiste…

Mais si ! Au contraire !

L’absurdité a sa logique, qui se développe imperturbablement et envahit progressivement tout le corps social, jusqu’au moment où elle implose sur elle-même… Ça ne saurait tarder !

– « Oui mais… Depuis le temps qu’on attend, et depuis le temps qu’on l’annonce ! Encore vos délires d’ultra-gauche, ça Guillaume ! C’est du rêve ! C’est votre fantasme à vous !»

– « Et la crise de l’économie, annoncée par un krach boursier et des faillites bancaires, ça ne fait pas longtemps qu’on l’attend ? et qu’elle est prévue, et même décrite en détail[5] ?

C’est justement quand plus personne ne l’attend plus, et que plus personne n’y croit plus, que ça arrive ! Comme le retour du Christ !

Et cette fois, tout arrive en même temps. Encore faudrait-il ne pas attendre justement. Mais agir ! Et agir intelligemment si possible. Mais ça, l’expérience prouve que c’est le plus difficile à obtenir des hommes. Ils ne feront ce qu’ils doivent faire que quand ils n’auront plus le choix… ! Quand toutes les autres portes seront fermées ! Quand il en ira de leur survie… s’ils doivent survivre !

 

Tout ça, c’est bien gentil, mais ça nous éloigne du sujet. Mais au fait, quel est le sujet ?

Or, il faut avancer. L’histoire va s’accélérer brutalement. Il faut que ce texte soit fini en 2008. J’en suis à Bilan 5. Reste Bilan 6. Le gros morceau : la solution finale de la question juive. Mais avant de m’y mettre, j’ai besoin de souffler un peu. Trop d’avanies me sont tombées sur le dos ces jours-ci.

L’Affaire du siècle dernier commence à m’ennuyer alors que mon cerveau est aspiré par la Grande Affaire, l’Affaire du XXIe siècle, la crise de l’économie politique.

Mais alors que l’Affaire Faurisson m’était tombée un beau jour sur le dos de façon tout à fait imprévue, l’Affaire qui vient, l’Affaire du XXIe siècle, cela fait 48 ans[6] que je m’y prépare. Mais puisqu’il faut d’autant plus finir ce texte qu’il pourrait bien servir de préface à la nouvelle Affaire, et que je ne me sens pas suffisamment serein pour attaquer la sixième section, je vais bâcler la cinquième au fur et à mesure que les idées me viennent.

Et d’abord utiliser une partie des petits papiers sur lesquels je note des idées à développer et des sujets à traiter, mais que les circonstances m’ont obligé à négliger ensuite.

D’abord, relisont le début de ce Bilan 5…

Quelle idée m’a pris de placer en tête le texte nécrologique que j’avais écrit, dans l’émotion, pour la crémation de Maman ? Que vient-il faire dans un bilan de l’intervention de la VT dans l’Affaire Faurisson. Eh bien, en le relisant, je le maintiens ! C’est étonnant comme, en toutes circonstances, on raconte toujours la même chose. Et je m’aperçois à quel point tout est dans tout…Et tout se tient.

Je pense à Madame Rassinier. Terrassée par une attaque cardiaque, elle a connu elle, une longue et inutile réanimation à la suite de laquelle elle a survécu, inconsciente, dans une institution médicalisée spécialisée, dans une lointaine banlieue. Renseignements pris, d’après son fils, Jean-Paul Rassinier, qui est médecin et psychosomaticien, toute tentative de communication avec elle était vaine. Eh bien, je ne me suis jamais complètement pardonné de n’être pas allé quand même faire une tentative, à son chevet. Et j’ai amèrement regretté qu’elle n’ait pas connu ce qu’elle attendait par-dessus tout : un début de reconnaissance publique de l’œuvre de son mari, Paul Rassinier. Mais qu’importe. Comme son fils, elle n’a jamais douté que cela viendrait un jour. Nécessairement !

Et que si cela devait ne pas venir, cela ne changerait absolument rien au fait que Paul Rassinier avait vu et pensé juste… Cette femme admirable, indomptable, sans qui Rassinier n’aurait pas pu être ce qu’il a été, et qui s’est dévouée, sacrifiée… Sans qui Rassinier n’eût probablement pas survécu à sa déportation, parce que chaque jour, dans les restrictions et la pénurie, elle lui avait envoyé un colis car, sans nouvelles, elle n’avait jamais douté de sa survie ! Puis, quand une carte est enfin parvenue du déporté, elle a su la lire entre les lignes. Cette femme enfin sans qui…

Mais quelle importance ? Même la bave de Nadine et le crachat de Florent ne l’avaient pas troublée… Mais ils l’avaient déçue, une fois de plus, une fois de trop, de l’humanité. Ils avaient abusé de sa confiance, de sa naïveté.

C’était, fondamentalement, une sainte laïque. Je n’ai même pas signalé sa mort dans les bulletins confidentiels de la Vieille Taupe. Il y avait trop de choses à dire. Je l’ai simplement évoquée dans la préface à la réédition de Candasse ou le huitième péché capital[7]. Et j’ai même oublié le lieu et la date exacts de sa mort ! Mais peu importe, elle est immortelle ! Indiscutablement. Sa trace est indélébile, même si personne ne le sait, pour le moment. Et même si personne ne devait jamais le savoir. Elle survit. Parce que son souvenir contribue à me maintenir en selle… Comme le souvenir de Maman. C’est probablement pour ça que j’ai pensé à elle. Mais si elle était là, si elles étaient là, elles me diraient toutes les deux que je me disperse, et que je ferais mieux d’avancer dans la rédaction de ce Bilan… qui se fait attendre, au lieu de parler d’elles.

Elles, c’étaient de vraies femmes, elles n’avaient pas besoin que l’on parle d’elles, ou qu’on le reconnaisse, pour savoir le Pouvoir qu’elles avaient sur les hommes.

 

Et maintenant un des petits papiers qui traîne depuis longtemps sur mon bureau : Rappel, 25 septembre, conférence d’Israël Adam Shamir qui présente son livre Les Maîtres du discours. Cette conférence s’est donc tenue sans incidents, Hôtel de l’Industrie, en face de l’église Saint-Germain des Prés. Mais l’Hôtel de l’Industrie à subi des pressions et des menaces. Service d’ordre débonnaire mais efficace. Les organisateurs (Entre la plume et l’enclume) ont dû s’engager à quitter la salle à 20 heures précises, sans aucun dépassement. La réunion était convoquée pour 18 heures 30. Avec la traduction (Israël Adam Shamir ne parle pas Français) aucun débat ou contact vraiment utile n’a été possible. Mais Anne Kling, à qui je souhaitais remettre les 2 premières parties de Bilan sans grandes perspectives était bien présente. Par contre, deux autres personnalités annoncées, que je souhaitais vivement rencontrer, s’étaient décommandées, pour ne pas être trop marquées par leur présence en ce lieu sulfureux. Le chantage à la « diabolisation » continue donc à fonctionner. Et certains n’ont manifestement pas compris que la meilleure manière de lutter contre cette arme majeure, la dernière, des censeurs, c’était de faire comme si elle n’existait pas ! Je répète, parce que c’est le secret de la Victoire, il faut agir comme si on ignorait jusqu’à l’existence de cette menace, au lieu d’en renforcer l’efficacité en la dénonçant plaintivement. Comme si on espérait susciter l’indignation du public ! C’est décidément n’avoir rien compris. Il faudrait mieux imposer le respect.

Sur le fond, Israël Adam présentait son livre, La bataille du discours. Comme ses précédents livres : FONDEMMENTAL. (Cela dit bien que nous divergions, légèrement mais sensiblement, sur l’appréciation historique et l’analyse du rôle de Lénine et du léninisme). Israël Adam Shamir poursuit une déconstruction radicale du paradigme juif, sans en laisser debout pierre sur pierre. Mais, au surplus, il trace une perspective et décrypte un avenir possible… C’est en cela qu’il est vraiment novateur. Car ce n’est certes pas la première fois qu’un Juif critique radicalement (à la racine) le judaïsme, la politique juive, le lien communautaire juif, le totalitarisme et l’exclusivisme, et que sais-je encore. Ce n’est pas la première fois, qu’effrayé par les monstruosités auxquelles peuvent conduire l’éthique suprématiste et tribale juive, un Juif rompt les amares. C’est même banal. Il existe toute une littérature juive à ce sujet, qui est même, pourrait-on dire, au centre de la problématique juive[8], et pour lequel elle a inventé le concept de « la haine de soi » qui permet de psychanalyser à tout va les récalcitrants, et plus encore de rassurer les psychanalyseurs.

Et un certain nombre de ces juifs désabusés, surtout ceux qui, pour telle ou telle détermination personnelle n’en voulaient pas rester à la critique critique, finissaient par rejoindre le camp antisémite, et devenaient ainsi des traîtres, qui perdaient par le fait même toute influence sur leurs ex-coreligionnaires ou ex-collègues, tout en étant l’objet d’une vindicte particulière (donc raciste).

Mais tel n’est justement pas le cas d’Israël Adam Shamir, qui n’a pas de haine, et en particulier pas de haine de lui-même, au contraire. Il ne rompt pas avec la communauté juive. Il ne la renie pas. Il ne rallie pas l’autre camp, Il propose aux Juifs de s’accomplir au-delà de la morale tribale, qui a fait son temps (et un peu plus que son temps). Et qui doit être rejetée parce que les conditions qui lui ont donné naissance sont dépassées. Il propose aux juifs d’assumer leur passé, et, ce faisant, de devenir des hommes comme les autres, en reconnaissant qu’ils sont des hommes comme les autres ! Et en acceptant enfin de le devenir, en reconnaissant qu’ils ont fait les cons, comme tout le monde… Mais peut-être un peu plus que les autres…Ce sera aux historiens d’en discuter.

Dans tous les cas il est grand temps de cesser d’entretenir cette fantaisie psychotique selon laquelle ils seraient « le Sel de la terre ». Ce qui d’ailleurs est devenu leur intérêt bien compris, maintenant que le problème serait plutôt pour eux qu’un nombre croissant de terriens sont en train de comprendre que la terre a été, semble-t-il, un peu trop salée par leur cuisine…

La perspective qui ressort des livres de Shamir, et plus particulièrement et plus clairement de La Bataille du discours[9], c’est la « bonne nouvelle », l’Évangile, prêché aux Juifs par les apôtres juifs, puis à tous les hommes sous l’influence du citoyen romain juif, devenu Saint-Paul. Cette perspective, c’est celle de la nécessaire conversion des Juifs au message du Christ : « Notre Royaume n’est pas de ce monde ». C’était la doctrine des Pères de l’Église et des Docteurs. C’est aussi la doctrine à laquelle l’Église conciliaire semble bien avoir renoncé sous la pression des sionistes et des marranes. C’est la doctrine catholique que l’Église doit redécouvrir sans tarder faute de quoi elle faillirait à sa mission. La conversion et le baptême d’Israël Adam Shamir est donc un cri désespéré, d’espoir quand même, envers l’Église pour qu’elle ne capitule pas devant le Nouvel Ordre Mondial et ne rejette pas l’appel des Juifs.

Or le temps presse. La guerre menace. L’écrasement du Ghetto de Gaza sous les bombes est une éventualité terrifiante…Or Shamir n’est pas le seul Juif qui appelle ainsi les chrétiens à se ressaisir. La conversion d’une personnalité héroïque et pacifiste, comme Mordechaï Vanunu devrait interpeller les chrétiens. Mais nous y reviendrons.

Autre petit pense-bête qui traîne sur ma table. 28 octobre 2008. Cette fois c’est une « rencontre débat » avec le rabbin antisioniste Yisroël Dovid Weiss. Même lieu, mêmes organisateurs (Entre la plume et l’enclume), mêmes circonstances, mêmes remarques. Service d’ordre et protection assurée par des jeunes de banlieue propalestiniens attentifs et efficaces. Un policier en civil et deux en uniforme apprécient le travail. Pas trace de tension entre les policiers au coin de la rue, et le service d’ordre de la réunion, composé de jeunes à keffieh et de Noirs. C’est bon signe. Les gens qui luttent réellement pour des choses sérieuses ne perdent pas leur temps à entretenir des tensions inutiles. Le thème annoncé était : Quel avenir pour la Terre Sainte ? Il en fut hélas peu question, l’essentiel ayant été consacré à se présenter, à se situer, à s’informer. Était présents le Rabbin Weiss et le rabbin Ahron Cohenª, en costume traditionnel. Caftan, Yarmucle, chapeau et tout.

Le rabbin Weiss et le rabbin Cohen sont des Natureï Karta. Des juifs orthodoxes radicalement antisionistes. Ils ont surtout présents à Jérusalem, et à New York, mais leur communauté, très minoritaire, a des ramifications dans le monde entier. Ils étaient présents à Durban. Je connaissais leur existence depuis des années, mais c’est à partir de là que j’ai commencé à me documenter sérieusement. Ils sont, depuis la création d’Israël, en butte à de terribles persécutions et à la haine réciproque des sionistes. Pour cette raison, et parce qu’ils connaissent le judaïsme et le milieu juif de l’intérieur, il sont particulièrement aptes à décrypter les méthodes et les manœuvres sionistes. Ils déploient une activité considérable. J’avais tendance à croire qu’ils exagéraient leur importance (ce ne serait pas les seuls). Mais ils nous ont montré des photos de manifestations de masse tenues par eux à New York, à Jérusalem (oui !) et même une manifestation importante à Paris ! qui ont toutes été envoyées par les médiats dans le « trou de mémoire ». Au point que la VT, malgré l’efficacité proverbiale de son service de renseignement, n’en avait rien su.

Ce sont indiscutablement des fanatiques religieux. Mais leur compassion et leur solidarité avec les Palestiniens est profonde, active, réelle et efficace. Il sont pour moi surprenants et incompréhensibles. Mais ils sont [très] respectables. Et c’est un honneur de travailler avec eux contre la guerre, contre la menace de bombardement USraélien de l’Iran, contre le NOM (le Nouvel Ordre Mondial).

J’ai eu la surprise de les entendre évoquer la compassion nécessaire envers tous[10] les hommes et le devoir des juifs d’être exemplaires, et pas seulement victorieux à tout prix sur le terrain mondain. Ils ont parlé de la compassion comme des Bouddhistes ! Et pour eux, la Shoah, c’est un châtiment envoyé par D. pour punir les péchés d’Israël (l’ensemble des Juifs), et le plus grave des péchés, celui d’avoir voulu se substituer à D. en créant avant l’heure, par la tromperie et la violence, l’État d’Israël, que les Natureï Karta considèrent comme un État usurpateur.

Les Natureï Karta avaient envoyé six rabbins rencontrer le Président Ahmadinejab, et participer à la conférence dite « révisionniste[11] » de Téhéran. Ils avaient fait ce déplacement plus pour contester la censure sioniste et manifester leur solidarité envers l’Iran menacé de bombardements que par intérêt pour le révisionnisme. Mais c’est à ce « sacrilège » qu’ils doivent une soudaine notoriété  internationale que des années de lutte acharnée leur avaient refusé. Ils ne sont pas révisionnistes. Pour eux, je pense que ce fut même un choc de découvrir que les révisionnistes n’étaient pas tous des crétins !

Et ils ne sont pas devenus révisionnistes par l’opération du St Esprit. Même s’ils en sont accusés par les sionistes qui justifient ainsi une aggravation de la répression à leur encontre. Ils ont été depuis victimes de plusieurs attentats sévères et de harcèlements sans nom. Ils préféreraient sans doute se débarrasser de ce fardeau. Mais ils ont pris conscience que le « révisionnisme » existait, et qu’il se développait rapidement. Et que les révisionnistes n’étaient pas, ou pas nécessairement, des antisémites. Le rabbin Weiss a expliqué combien, dans leurs milieux, les morts avaient été nombreux. Combien ils avaient entendu de récits , combien ils avaient vu des tatouages sur les avant-bras. Le génocide leur paraissait une évidence d’autant plus indiscutable qu’elle était indiscutée, du moins à leur connaissance. Par contre ils avaient bien perçu que la « religion de l’holocauste » était devenue une religion concurrente et inversée de leur judaïsme orthodoxe. Le rabbin Weiss a fait une remarque qui me parait très juste. C’est l’instrumentalisation par les sionistes de l’Holocauste qui est responsable du développement du doute, et du révisionnisme. Au jour d’aujourd’hui, et en tout cas ce 28 octobre, il ne parvenait pas encore à concevoir que les chambres à gaz auraient pu n’être qu’une rumeur et un fantasme, mais…Mais il reconnaissait le droit de quiconque de s’interroger, de se poser des questions, de douter, et que les débats devaient être sur ce sujet, libres et honnêtes. Quant au génocide, cela lui paraissait absolument indiscutable, en tant que concept du moins. L’idée de volonté d’extermination, de néantisation totale d’une altérité absolue. Quant aux chiffres réels des pertes réelles, le rabbin Weiss pense qu’il est plus proche de 8 millions que de 6… !?!?!?

Mais, mais, mais le rabbin admet parfaitement que cette recherche factuelle (vulgairement matérialiste[12]) doit rester libre et sans tabou, et que la sempiternelle invocation de « l’antisémitisme » pour criminaliser les opinions divergentes, sont un procédé inacceptable et malhonnête dont les sionistes ont tellement abusé.

8 millions plutôt que 6 ! Je dois avouer que je me suis demandé si c’était du lard ou du cochon.

Mais je n’ai pas cherché vraiment la réponse à cette interrogation muette. Je me suis dit qu’il ne serait pas impossible que le rabbin Weiss, tout de noir habillé, ait plus de tours dans son sac que le pauvre rabbin 6trucs. Mais peu importe. Me venait immédiatement à l’esprit la phrase pivot de la pensée de Chomsky : « Seul un fanatique religieux pourrait s’opposer à ce que l’on enquêta librement sur une question de faits. ». Et voilà un fanatique religieux qui ne s’oppose pas « à ce que l’on enquête librement sur une question de faits ».

Dans ma lutte empirique contre les Juifs[13] tels qu’ils sont empiriquement, j’étais parvenu, par expérience et avant tout approfondissement livresque, à la conclusion que le judaïsme n’avait aucun dogme en dehors du dogme de l’unicité des Juifs et que le renoncement à ce dogme suffisait pour cesser d’être Juif. La conséquence pratique de ce dogme unique, c’est que Dieu était mis au service de l’unicité des Juifs. C’est facile à vérifier.

Avec le rabbin Weiss, je découvrais, pour la première fois, un juif pour qui le seul dogme était l’unicité de D., et qui, en conséquence, mettait les juifs au service de Dieu !

Cela imposait une révision de mes idées reçues, et pour accomplir cette révision, j’ai quand même besoin d’un certain délai. Un sursis. Un délai de réflexion… C’est pourquoi je comprends que le rabbin Weiss ait besoin d’un délai de réflexion après avoir découvert que les révisos n’étaient pas des sots.

Je lui accorde d’autant plus volontiers les délais qu’il voudra, que j’ai appris qu’il avait effectué avec le rabbin Ahron Cohen et Maria Poumier, une tournée de conférence en Argentine et au Chili en juillet 2008[14]. Or ces rabbins savent parfaitement ce que pense Maria Poumier, qui ne dissimule rien de la sympathie qu’elle leur porte, mais qui est plus proche, religieusement, d’Israël Adam, tout en partageant, sur le terrain vulgairement matérialiste, les thèses de Faurisson.

Et ces rabbins ne doivent pas ignorer complètement que, lors de cette tournée en Amérique latine, Maria, la sainte femme, a accompli des missions pour le compte de la Vieille Taupe et rencontré quelqu’un qui m’aurait volontiers étranglé au siècle dernier, mais n’a plus la moindre hostilité à mon égard !

— Au contraire, m’a dit Maria.

 

Bon, mais le temps presse. Éliminons quelques uns des petits papiers sur mon bureau. Dommage, mais il faut avancer. Et ne retenons que l’essentiel. Ou du moins ce qu’il est essentiel d’évoquer pour préparer les conclusions de ce Bilan…(5).

Mais en passant, cette citation de Rémi de Gourmont que me rappelle un jeune historien en cours de formation qui fera bientôt parler de lui, si les petits cochons ne le mangent pas : « Une erreur tombée dans le domaine public n’en sort pas. Les opinions se transmettent héréditairement ; cela finit par faire l’histoire ».

Autre petit papier : Samedi 6 décembre 2008. « SOLIDARITÉ GAZA PALESTINE CONTRE LE BLOCUS ET LES CRIMES DE GUERRE D’ISRAËL. JOURNÉE NATIONALE D’ACTION. Il s’agit d’une manifestation convoquée par de nombreuses associations pro-palestiniennes dont un certain nombre d’associations juives, dont un certain nombre d’associations furieusement anti-révisionnistes naguère encore, parmi lesquelles certains membres et certains dirigeants semblent progressivement réviser leurs certitudes dans ce domaine.

Rendez-vous Denfert-Rochereau 15 heures. Bien peu de monde. 300 personnes. Très peu de Juifs. Je repère une jeune fille, jolie, qui prend des photos de la manif. Normal. Mais j’observe qu’elle cadre et qu’elle zoom un à un, certains participants. Ce ne sont pas uniquement des photos de manif qu’elle prend. Ce sont des photos d’identité. J’en déduis qu’elle travaille pour le renseignement d’un service ou d’un autre. Bof… Tout finit par se savoir. La manif démarre. Une grande banderole, tenue par de jolies palestiniennes pleines d’énergie et portant foulard, met en cause la collaboration de l’Égypte à l’écrasement de Gaza. Ensuite les slogans criés mettront en cause Israël, les États Unis, mais aussi la collaboration de la ligue arabe, ou de tel ou tel état, et de l’Europe. L’encadrement policier est impressionnant, omniprésent, mais parfaitement correct. Lorsque l’on arrive devant le centre culturel égyptien, boulevard St-Michel, seuls deux vigiles sont en protection. Ils ne feraient pas long feu. Nous sommes maintenant 400. Je pense à la phrase célèbre de Marx « Bien loin de s’opposer à la violence des masses populaires contre des symboles haïs de l’oppression, les révolutionnaires doivent en prendre l’initiative[15] ». Mais je me dis aussi que ce n’était pas encore les masses populaires, et que le moment n’était pas encore venu de faire le zouave. D’ailleurs je n’avais pas été le seul à percevoir les potentialités de la situation car, comme le ton montait et que les manifestants criaient leur colère devant le centre, un cordon de CRS se déployait promptement pour le protéger. Et la manif descendait le boul’mich (elle est allée jusqu’à l’Institut du Monde Arabe) dans l’indifférence plus ou moins intriguée des passants. J’eu alors l’idée de griffonner au dos d’un tract, et de tendre à la jeune fille qui chauffait la manif en lançant des slogans divers mais classiques, à partir de la sono montée sur un camion : « Ghetto de Gaza ! Ghetto de Varsovie ! Continuons le combat ! » Non seulement mon slogan a été pris, mais il a été repris et repris par la foule (nous étions 400 environ). Mais cette fois les passants s’arrêtaient, interloqués pour certains. Des Arabes et des Juifs qui m’avaient vu tendre le papier à la sono, sont venu me remercier ! Des policiers du service d’ordre ont souri.

Mais bien que je puisse revendiquer la paternité de ce slogan, de ce mot d’ordre, de ce cri, je ne réclamerai pas de droits d’auteur. Toutes les idées de la Vieille Taupe peuvent être librement copiées, plagiées, traduites ou adaptées, même sans indication d’origine.

 

Après avoir éliminé, la mort dans l’âme, quelques petits pense-bêtes supplémentaires, que je n’aurai décidément pas la possibilité de développer, restent 28 pages, denses, dans lesquelles quelques courts passages sont surlignés en rose. Il s’agit d’un texte de Robert Faurisson, daté de décembre 2007. L’original faisait 70 pages. Je l’ai, pour le diffuser, concentré en 28 pages, en modifiant la mise en page, le corps des caractères, la justification. Sans rien modifier d’autre, évidemment.

Ce texte est donc connu comme « les 28 pages » où « les 70 pages ». Il a circulé. On peut me le demander, tant sous forme papier que sous forme électronique. Il a été reproduit dans Sans concession n° 42 à 45, septembre à décembre 2008, pages 153 à 205, agrémenté de nombreuses illustrations. Le titre est : En confidence. Entretien avec « l’inconnue ». Le texte se donne donc comme une interview du Professeur Faurisson par une journaliste qui reste anonyme, par souci de protéger sa carrière, peut-on supposer.

On peut aussi supposer que cette journaliste rare, exceptionnellement cultivée, et qui pose de bonnes et intelligentes questions, est elle-même une fiction, une création littéraire, et que le texte, questions et réponses, est une création littéraire de Faurisson qui se donne ainsi l’occasion de répondre aux questions qu’il aurait aimé qu’on lui posât©. Cette innocente supercherie, presque aussi transparente que mon pseudonyme de Wilhelm Stein (moi qui ait toujours pensé, avec Guy Debord que l’usage de pseudonyme cachait quelque chose à son utilisateur lui-même) n’est donc pas une supercherie.

Ce texte reflète en tout cas l’idée, la représentation, que Faurisson souhaiterait donner de lui-même. C’est brillant. Il le mérite. Et je le diffuse à qui le souhaite. J’ai tout au plus surligné une dizaine de très courts passages. Parfois un mot. Parfois un point d’exclamation en marge. Si bien qu’aujourd’hui où je suis pressé, je vais me contenter de commenter ces passages, sans relire l’ensemble.

« solitaire ». J’ai mis en marge un « ? ». L’inconnue pose en effet à Faurisson la question liminaire suivante : « Robert Faurisson, depuis bientôt trente ans, vous défrayez la chronique par votre opiniâtreté dans un combat solitaire[…] Ah bon ! vraiment ! L’aveu est de taille ! Et moi qui croyais que…

Cette inconnue est décidément outrageusement mal informée. Si outrageusement que nous ne le relèverons pas. Mais cela dénote indiscutablement chez l’inconnue une volonté de se représenter ainsi le combat du professeur. Et si l’inconnue et le professeur ne font qu’un, cela expliquerait que, concevant dès le départ son combat comme un combat solitaire et un one man show, il ait avec constance détruit à tour de rôle toutes les équipes qui eussent pu se constituer autour de lui, au risque que « son » combat ne soit plus tout à fait le sien.

Et la phrase se poursuit : […] pour des idées qui vous sont très personnelles… Mais diantre bleu ! l’inconnue serait-elle foutue-capable de citer une seule idée, parmi celles qui ont valu à Faurisson de défrayer la chronique depuis bientôt trente ans, qui lui serait « personnelle » et qu’est-ce que ça veut dire ? Laissons de côté pour le moment. Mais ces quelques mots scellent le bien entendu qui a provoqué une première rupture entre Faurisson et moi, en 1993, et une deuxième, définitive, plus récemment, pour une histoire de lapins dont il contestait l’existence matérielle.

Quelques lignes plus bas, encore l’inconnue évoque un « cadre qui peut paraître ludique, bénin, puisqu’il n’y a pas mort d’homme ». Faurisson sait qu’il a échappé à la mort, de très peu. Il sait aussi qu’il y a eu mort d’hommes, et de plusieurs. Même s’il ne les connaît pas tous. Même si je ne lui ai pas fait part de mes soupçons, puis de mes certitudes, même au cours de notre collaboration la plus intense, pour ne pas risquer d’aggraver ses inquiétudes et ses phases de dépression, mais aussi pour ne pas alimenter la tendance qu’il avait de tomber dans le piège stérile de l’antisémitisme.

Nos ennemis n’attendaient que cela… Mais surtout, si ces soupçons puis ces certitudes avaient été divulgués trop tôt, elles auraient accru les angoisses de mon entourage, qui seraient devenues ingérables. On comprend dès lors la nécessité de la fiction de l’inconnue. Qui peut être censée ignorer des choses que Faurisson n’ignore pas. Dans sa réponse, et c’est tout à son honneur, Faurisson ne joue pas la carte victimaire, qu’il avait de quoi jouer, même en ignorant ce que je viens d évoquer. Mais cela confirme la tendance lourde de Faurisson à décrypter toute l’Affaire à travers « Lui seul ». Ego, ego, ergo sum.

Dans sa réponse j’ai donc surligné deux mots : « autorité » et « danger ». Je laisse de coté le deuxième, dont la discussion sort du cadre de ce qu’il est utile de discuter dans ce Bilan…(5).

« J’aime à braver qui fait parade de son autorité ». Hic jacet lepus ! (là gît le lièvre). Après trente ans de fréquentation intense, je crois avoir décelé effectivement chez Faurisson une tendance caractérielle inconsciente, une structure, qui le conduit à « narguer », à « taquiner » l’autorité. Toute autorité. Sans exception. Effectivement, ce prurit qui l’anime a été la cause unique de querelles et de blocages inutiles qui ont entraîné bien des échecs dans le mouvement révisionniste. La liste est impressionnante. Mais le moment n’est pas venu.

Je pense au contraire qu’il n’y a pas de mouvement collectif possible sans la réalité d’une dose d’Autorité naturelle (conforme à la nature du mouvement). Et j’ajoute même que l’humanité a un besoin vital que soit restauré le sens de l’autorité légitime. Faute de quoi elle sera incapable de se diriger et d’affronter les défis qui l’assaillent.

Pour ma part, je ne fonctionne pas du tout comme ça. Ma tendance spontanée est de respecter l’autorité ! Mais ma tendance non moins spontanée est…de ne pas tolérer une autorité qui ne soit pas telle qu’elle devrait être, une autorité illégitime. Dans ce cas avéré, je crois avoir montré dans les faits que je ne reste pas les deux pieds dans le même sabot.

Je ne suis donc pas antiautoritaire. Je pourrais même dire « Au contraire ! » par provocation.

Et je pourrais dire qu’après avoir traîné mes bottes en bien des endroits réputés « antiautoritaires », de Socialisme ou Barbarie à Mai 68, des libertaires aux conseillistes, que les « antiautoritaires », sans aucune exception, s’accommodaient très bien de la domination sans partage de leur propre autorité. Et réagissaient à la contestation ou à la perte de cette autorité exactement comme…

Devinez ! Comme des fascistes…bien sûr ! Ce qui est devenu le paradigme des méchants autoritaires, responsables de tous les malheurs du monde, et dans l’exécration desquels « tout le monde se réconcilie », comme aurait dit le révisionniste Georges Brassens. Et d’ailleurs l’injure et l’accusation fusent. Nous y reviendrons. Mais mon expérience, j’en ai touché un mot dans mon texte sur Debord[16], avec les antiautoritaires, de Castoriadis à Cohn-Bendit, à Faurisson c’est kif-kif bourricot. Quand survient une divergence d’orientation quelconque, la question soulevée est immanquablement détournée vers un prétendu débat sur l’autorité et c’est bientôt le bordel général.

Par contre, chez les « autoritaires », il faut aussi discuter d’orientation et déterminer qui doit disposer de l’autorité. Résultat : rapports de force. On se compte. Et c’est le même bordel. Seule change l’idéologie par laquelle on tente de rationaliser.

Vous avez compris que ce n’est pas aujourd’hui que je livrerai la bonne solution.

Mais trois ligne en dessous du mot « autorité », je relève 10 mots : « …, je sais que l’autorité que je défie l’emportera ; elle me brisera ». Ces mots ont été écrits et signés en décembre 2007. Doit-on prendre cela pour une pose ? Pour de la littérature… ? Un leurre ? Ou une simple phase bien compréhensible de pessimisme et de dépression comme il en a si souvent ?

Le problème, enfin l’un des problèmes, est qu’il ne tolère pas la dépression chez les autres. Mais ça ce n’est pas très grave. Juste un peu agaçant. Mais c’est aussi une conviction à peu près permanente depuis le jour où j’ai rencontré Faurisson, et où, devant ses jérémiades, je lui ai dit que j’étais venu le rencontrer à Vichy, non pas parce qu’il était une victime persécutée, mais parce que : « il avait gagné ! ». En septembre 1978 !

Mais sans remonter à ces temps préhistoriques, dans son Bulletin confidentiel n°18, celui qui manifeste la renaissance d’une Vieille Taupe libérée, c’est une toute autre perspective qui était tracée. La perspective d’une victoire complète et sans bavure, à condition qu’une nouvelle orientation soit adoptée par le mouvement révisionniste, ou tout du moins par une fraction significative de son aile marchante. Une lecture attentive des numéros 18, 19, 20, 21, 22 & 23, allait même jusqu’à laisser entendre qu’il se pourrait bien que ce soit le refus de cette nouvelle orientation proposée par Wilhelm Stein qui porterait une part de la responsabilité indirecte du retard de l’histoire !

Et puis, on se demande qui pourrait-on bien recruter et fédérer pour un combat sans perspective et sans utilité avant la St Glinglin. Tout le monde n’est pas Guillaume le taciturne©. Et tout le monde n’a pas les motifs très personnels, très caractériels, et très respectables, de Faurisson de s’engager dans cette galère.

Cette divergence d’analyse de la situation historique a évidemment les plus grandes conséquences pratiques. Une parmi d’autres : il va de soi que dans la perspective faurissonienne, selon laquelle « l’autorité que je défie l’emportera », il est complètement absurde d’aller organiser des Sonderaktion, et de distribuer des milliers de cartons « Raymond Barre », et des poèmes de Wilhelm Stein. Or cette divergence n’a pas été platonique. Conformément à son orientation Faurisson est allé jusqu’à dissuader mes braves Sonderkommando de continuer à m’obéir perinde ac cadaver. Il a dit à certains qu’ils feraient mieux de s’intéresser à la littérature… ! (alors que, pour des situationnistes, la littérature est Une Échappatoire[17]) au lieu de perdre du temps avec moi et mes folies. Et il a bien le droit de le dire puisque c’est ce qu’il croit. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que la totalité des prophéties loufoques de la Vieille Taupe allaient se réaliser, et au delà, au point de laisser la Vieille Taupe sur le cul.

Elle n’y est pas restée longtemps, comme on devrait s’en apercevoir bientôt.

Mais n’anticipons pas et revenons aux 70/28 pages de Faurisson. Nous en sommes à la moitié de la première page. Rassurez-vous. Pas le moindre surlignage rose jusqu’à la page 26. En bas. Un point d’exclamation dans la marge. Faurisson écrit :  « Éric Delcroix en a fait souvent la remarque, un juge peut aujourd’hui refuser d’appliquer une loi ; depuis le Nouveau Code pénal de 1993, ce juge-là n’est plus passible du crime de forfaiture. » Ici Faurisson dénature l’excellent raisonnement juridique de Maître Delcroix lors des grands procès et se trompe sur l’interprétation de la signification de la suppression du délit de forfaiture dans le nouveau code, Robert Badinter étant ministre de la justice, Garde des Sceaux. J’ai déjà abordé cette question. Laissons pour le moment. C’est un peu juridique et ardu©. Et nous arrivons à la page 27 et avant-dernière.

« De toute façon, comme par le passé, sans doute perdrai-je mes procès mais je gagnerai ma cause, celle du révisionnisme historique et je persisterai à mettre mes pas dans ceux de Jean Norton Cru, de Maurice Bardéche, et de Paul Rassinier. ». C’est l’ordre des noms  de ces trois personnalités révisionnistes citées qui m’a fait sursauter. C’est un détail infime. Mais il n’est pas sans signification. Norton Cru est un grand du révisionnisme de la 1ère guerre mondiale. Soit. Bardèche a écrit plusieurs excellents livres révisionnistes dont j’ai toujours dit, à la suite de Rassinier, le plus grand bien. Je le maintiens.

Mais nos ennemis se sont toujours acharnés, à l’instigation de P. V.-N., et pour des raisons purement rhétoriques de basse polémique, à attribuer à Maurice Bardèche, plutôt qu’à Paul Rassinier, la paternité du révisionnisme de la 2ième guerre mondiale. Maurice Bardèche est le neveu de Robert Brasillach. Il se situait à l’extrême droite et n’hésitait pas à se revendiquer du fascisme. On voit tout de suite l’intérêt pour les censeurs et les manipulateurs d’en faire le père du « révisionnisme ». Mais c’est faux. Du moins le pensais-je. Et au temps de notre collaboration parfaite, Faurisson partageait avec moi cette conviction que j’ai toujours défendue. Cette inversion anodine des noms m’a « interpellé » parce que j’avais déjà vu passer un texte plus développé de Faurisson où il adoptait nettement la thèse de l’antériorité de Bardèche. Pourquoi pas ? Mais pourquoi a-t-il changé d’avis ? Il ne donne pas la moindre raison sérieuse. Au surplus Faurisson, plus que tout autre a mis la question des chambres à gaz au centre du révisionnisme, contrairement à Butz, par exemple, pour qui cette question est marginale. Or dans ses livres « révisionnistes » Bardèche relève des exagérations grossières qui dénotent de la propagande d’atrocité, mais il ne révoque pas en doute leur existence même. Et d’ailleurs, lorsque je suis allé rencontrer Maurice Bardèche dans son petit appartement de la rue Rataud, je lui avais évidemment demandé quelles avaient été ses relations avec Rassinier, et il m’a confirmé de la façon la plus explicite combien il devait à Rassinier sur le terrain du révisionnisme, et qu’en ce qui concerne la question précise des chambres à gaz, même s’il avait vite décelé l’exagération et la propagande, jamais il n’aurait envisagé, sans Rassinier, qu’elles aient pu n’avoir été qu’une rumeur.

J’ai donc tendance à croire que ce très léger glissement, sur un détail, dénote la montée d’une certaine réticence à mon égard, l’éditeur de Rassinier, qui persistait à penser que Rassinier était certes moins brillant et moins flamboyant, mais plus profond et important, de notre point de vue d’ultra-gauche et de défaitistes révolutionnaires, que Faurisson, qui ne comprend pas et connaît mal l’univers du militant ouvrier Paul Rassinier.

Mais c’est la dernière phrase du texte qui m’a fait sursauter. Il dédie l’entretien avec l’Inconnue à la mémoire de Rassinier et de son épouse. Excellente intention. Je suis moi-même coupable de n’avoir pas même signalé en son temps le décès de Madame Paul Rassinier, dans mon bulletin confidentiel, et je venais de profiter de la réédition, en septembre 2007, de Candasse ou le huitième péché capital, de Paul Rassinier,  pour évoquer enfin le souvenir de Jeanne, son épouse, à qui je devais tant et à qui l’histoire doit tant. Faurisson écrit : « C’est à cette dernière que je dois de posséder dans ma bibliothèque les quarante et un volumes de la version française du procès de Nuremberg, remarquablement annotés, à l’encre bleue, par Paul Rassinier. »

Cela n’est pas tout à fait exact. En ce temps-là, j’étais un Faurissonien de strict observance. Je savais combien Faurisson était désireux de posséder à domicile les fameux volumes pour d’évidentes raisons de commodité. J’avais demandé à Madame Rassinier.

—« Ah non ! Il me fait peur ! » (verbatim)

—« Il est trop prétentieux, il fait trop le malin, il tombe dans le jeu des Juifs. »

—« Et si vous saviez comme Paul l’a attendu, avant de mourir… »

—« Et quand il est venu me voir après la mort de Paul… »

—« Et lui il ne ferait pas les erreurs de Paul…, et lui ceci, et lui cela, et Paul n’avait pas compris, et Paul n’avait pas su…, mais lui saurait … »

J’ai évidemment plaidé la cause de Faurisson. C’était en plein procès, le grand, le Verdun judiciaire, puisque mon point de repère mnémonique c’est Maurice Di Scuillo apportant ces fameux volumes au tribunal.

—« Eh bien je vous les donne à vous. Vous en ferez ce que vous voudrez ! »

—« Mais vous savez que je vais les donner à Faurisson. »

—« et alors ce sera votre affaire. Je vous les donne à vous. Vous avez une bonne influence sur Faurisson, et vous connaissez toute une partie des choses dont Faurisson n’a pas la moindre idée. Je vous les donne à vous. vous les donnerez à Faurisson si vous voulez, mais moi je ne les lui donne pas ! »

Ainsi fut fait.

Je connais suffisamment Faurisson pour savoir que s’il a oublié ces péripéties, dont je l’avais informé (en édulcorant les critiques de Madame Rassinier, qui ne lui pardonnait pas sa phrase de 60 mots et quelques autres : « Il donne des verges pour se faire battre ») c’est qu’il les a oubliées. Et je ne doute pas de sa sincérité. Mais la mémoire est éminemment trompeuse, parce que c’est une fonction adaptative largement déterminée par l’agenda que l’on se propose dans… le présent et le futur !!!

C’est pourquoi il peut arriver que le réviso ait besoin d’être révisé.

Ce n’est pas Madame Rassinier qui lui a donné les 41 volumes, c’est Pierre Guillaume.

Et même, pour être absolument exact, je les lui avais prêtés, en lui rapportant les sentiments de Madame Rassinier. Mais qu’il se rassure. Aujourd’hui, je les lui donne, avec l’approbation du Conseil de nos Sages, en récompense de sa dernière prestation, au Zénith, où il semblerait avoir compris que parfois « le silence est d’or » quand la chose est dite. À moins que ce ne soit Dieudonné qui l’ait obligé à se taire. En tout cas le résultat est là.

 

              Pierre Guillaume                                       Nihil obstat

                                                                               Wilhelm Stein

 

(Des circonstances indépendantes de notre volonté nous conduisent à reporter de quelques jours la fin de Bilan…(5) et à la première quinzaine de janvier 2009 Bilan…(6).

         Pierre Guillaume est mobilisé dans le cadre d’une éventuelle Opération terrestre.

 

                                     Romainville, Beaune la Rolande, le 30 décembre 2008

 

Bilan 5bis          Retour accueil

 



[1] Cela me rappelle le titre d’une excellent brochure publiée par Spartacus : Qui succédera au capitalisme ? par P. L.Tomori. Ce pseudonyme cachait le sinologue Étienne Balasz. En voulant vérifier ce qui se disait maintenant de lui j’ai la grande satisfaction de découvrir que la brochure vient d’être rééditée, et une plus grande satisfaction encore en découvrant des échos de l’activité de la VT dans la « bio » de Serge Bricianer, sur le site :

http://www.laquestionsociale.org/archives/AR_serge_biographie.htm

[2] En retard dans le payement de l’impôt, pourtant fixé très raisonnablement.

[3] Les Français qui voudraient lire La question juive, de Charles Marx, peuvent toujours trouver ce texte dans le n° 5 des Annales d’histoire révisionnistes qui comporte beaucoup d’autres choses intéressantes, et notamment des extraits choisis de Guy Debord, et bien d’autres choses encore. 10 Euros net à la VT.

[4] Pierre Nora est un noc.

[5] Selon les « explications » les plus courantes, la crise actuelle serait due à l’excès de crédits répandus par la « cupidités » de banquiers sans scrupules et à l’insuffisance des réglementations et régulation des activités financières. Vieilles rengaines que l’on ressort à chaque crise ! Marx se moquait déjà d’une commission parlementaire anglaise qui attribuait la cause de la crise économique de 1857-58 à « l’excès de spéculations et à l’abus de crédit » ; et il répliquait : « De quelle nature sont donc les rapports sociaux qui suscitent presque régulièrement ces périodes d’automystification, de surspéculation et de crédit fictif ? Dès lors qu’on l’a découverte, on arriverait à une alternative toute simple : ou bien la société peut contrôler les conditions sociales de la société, ou bien celles-ci sont immanentes à l’actuel système de société. Dans le premier cas, la société peut éviter les crises, dans le second elle doit les subir comme le changement naturel des saisons, tant que subsiste le système » K. Marx, New York Tribune, 4-10-1858.

Et aussi :

« Depuis 1825, date où éclata la première crise générale, la totalité du monde industriel et commercial, la production et l’échange de l’ensemble des peuples civilisés et de leurs satellites plus ou moins barbares se détraquent environ une fois tous les dix ans… Le commerce s’arrête, les marchés sont encombrés, les produits sont là aussi en quantités aussi massives qu’ils sont invendables. L’argent comptant devient invisible, le crédit disparaît, les fabriques s’arrêtent, les masses travailleuses manquent de moyens de subsistance pour avoir produit trop de subsistance, les faillites succèdent au faillites, les ventes forcées aux ventes forcées ; l’engorgement dure des années, forces productives et produits sont détruits en masse jusqu’à ce que les masses de marchandises accumulées s’écoulent enfin avec une dépréciation plus ou moins forte, jusqu’à ce que dépréciation et échange reprennent peu à peu leur marche. Progressivement l’allure s’accélère, passe au trot, le trop industriel se fait galop et ce galop augmente à son tour jusqu’au ventre à terre d’un steeple chase complet de l’industrie, du commerce, du crédit et de la spéculation, pour finir, après les sauts les plus périlleux, par se retrouver… dans le fossé du krach ». Engels, L’Anti-Dühring.

Mais ni Marx, ni Engels n’avaient même entrevu que plusieurs révolutions technologiques offriraient au capitalisme la faculté de restaurer des taux de profit tels qu’il retrouverait de nouvelles jeunesses et acquérrait ainsi les moyens formidables de dominer et d’écraser l’humanité au travers de deux guerres mondiales. Ils n’avaient pas prévu non plus que le taux d’exploitation du travail humain permettrait la constitution de forces militaires et d’États répressifs aussi gigantesques, ni que l’humanité puisse supporter un tel état de domestication et d’avilissement.

[6] Et même un peu plus. En fait depuis 1956, où seul et sans aucune connaissance, depuis mon lycée à Verdun, j’ai suivi, éberlué et avec passion, à la radio et dans la presse, l’insurrection hongroise. C’est là que j’ai décidé moi-même de mon destin. Mais ce n’est qu’en 1960, quand j’ai découvert Socialisme ou Barbarie et lu les n° 20, 21, 22, principalement consacrés à l’analyse de cette insurrection, que mes idées se sont clarifiées et se sont fixées définitivement, pour ne plus changer, sauf pour s’améliorer et se préciser sur les détails.

[7] Éditions Akribeia, 45/3, route de Vourles, 69230 St Genis-Laval. 20 Euros net.

[8] Le Guide des égarés, Téchouva, et tutti quanti

[9] http://www.akribeia.fr/ (30,00 Euros net à Akribeia, 45/3 route de Vourles, 69230 ST-GENIS-LAVAL pour nos lecteurs, et un petit cadeau de bienvenue)

ª Erreur de ma part, corrigée le 1° janvier, en ce jour de la circoncision de NSJC. Le deuxième rabbin présent, qui n’a presque pas parlé, n’était pas, ce jour-là, Ahron Cohen, m’informe Maria.

[10]Et pas seulement envers les juifs. (Minuscule à juif, puisque dans ce cas-ci, c’est une religion).

[11] Des historiens antirévisionnistes avaient été invités à débattre, dont Norman Finkelstein, qui avait d’abord accepté, mais n’est finalement pas venu. Un professeur d’université iranien (chaire d’histoire) antirévisionniste convaincu, a participé au débat et a pu s’exprimer librement.

[12] Là, c’est moi qui rajoute.

[13] C’est-à-dire contre la domination abusive du lobby abusif, pour défendre ma liberté.

[14] http://www.plumenclume.net/textes/2008/untitled/mirage-060808.htm

[15] Ce n’est pas la citation exacte, mais je n’ai pas le temps de chercher.

©En fait erreur de ma part. Cette personne existe vraiment. Il s’agit de Maria Poumier, qui a révélé son identité dans son livre : Proche des Neg’ paru en novembre 2009 (Disponible à Akribeia).

[16] La Vieille Taupe n° 1 (Printemps 1995). Il en reste quelques exemplaires.

© Qui aurait dit : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer »

[17] 25,00 Euros, à la VT, avec en plus un gros cadeau !

© En fait c’est très simple, et clairement expliqué dans Bulletin confidentiel n°23 p. 1, 2ième colone, que j’ai de bonnes raisons de penser que le juge Bonnal a lue, ainsi que celle qui précéde et celles qui suivent.